Fengyi Guo
En vivant sa spiritualité à travers les voies du qi qong, c’est à l’aube de ses 40 ans que Guo Fengyi se met à réinterpréter les croyances populaires chinoises dans des dessins réalisés à l’encre et au pinceau. Sur des rouleaux de papier de riz, pouvant atteindre les 10 mètres, se déploient des entités relevant tantôt du panthéon, tantôt du pandémonium, et qui semblent flotter dans un vide spatio-temporel. Ces rouleaux hérétiques ont notamment été exposés lors de la 55e Biennale de Venise curatoriée Massimiliano Gioni.
Guo Fengyi est née en 1942 à Xi’an (centre Chine), obtient son baccalauréat en 1962 puis devient technicienne dans une usine de caoutchouc. Néanmoins, souffrant de terribles crises d’arthrite, elle est contrainte de cesser toute activité professionnelle à trente-neuf ans. Pour soulager ses crises, Guo s’initie au Qi-Gong, médecine qui lui ouvre de nouvelles portes, notamment spirituelles.
À partir de 1989, en prise à des visions, elle produit de nombreux dessins, d’abord sur les versos de pages de calendriers ou des rouleaux de calligraphie, ensuite sur du papier de riz. Ces productions, à l’encre et au pinceau, parfois longues de plus de 5 mètres, sont élaborées sans idée préalable ; Guo découvre sa création au fur et à mesure qu’elle la dessine. À travers une multitude de traits délicats, des réseaux d’énergies ou de fluides prennent naissance sous la forme d’avatars, de spectres, de divinités. Mme Guo invente sa propre voie - même si les modes de représentation et les croyances populaires liées au tao, au yi king ou au qi gong y sont parfois perceptibles en filigrane.
Au-delà du magnétisme souverain qui émane de ces oeuvres, nous sommes confrontés à la question consubstantielle à l’art brut : existe t-il un art qui ne soit ni culturel, ni cultuel ? Mme Guo n’y répond pas, mais nous offre sa grâce.
Ses œuvres font déjà partie de la Collection d’Art Brut à Lausanne et du Museum of Everything à Londres, et ont été exposées à la Biennale de Venise en 2013.

Préface : Rong Zheng
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Guo Fengyi : une rhapsodie chinoise, du 10 décembre 2010 au 15 janvier 2011.