Les mots pour le dire
Les mots et les œuvres d’art forment comme la chaîne et la trame de nos émotions les plus éthérées. Mais ce tissage se trouve trop fréquemment contrarié par l’excès de l’un ou de l’autre. Dans les ouvrages Les très riches heures du Duc de Berry et Les Fleurs du Mal, le règne de l’illustration littérale ne laissait ainsi que peu de place à un imaginaire plus débridé.
Il faudra attendre les surréalistes pour que, soudain, trame et chaîne forment des motifs plus complexes. Dès lors, l’écrivain et le plasticien, quel que soit celui qui répondait à la proposition de l’autre, s’évertuaient à regarder par-delà les apparences pour révéler, plutôt que décrire, la proposition de l’autre. Le texte comme subtil exhausteur de l’œuvre, et inversement.
Avec Les Mots pour le dire, c’est à cet exercice d’amarrages que nous nous sommes livrés. Le choix des œuvres d’art brut aussi bien que des textes qui scintillent dans leur sillage faisant fi des styles ou des époques pour faire naître des affinités inattendues.
Offrant au regardeur une exposition capable de vérifier cette assertion d’Albert Camus qui voulait que l’écriture soit « le moyen de transmettre l’âme d’une œuvre d’art ».