Figures de l’art brut russe
Lobanov, Almazov, Leonov, Romanenkov
Depuis plus d’une décennie, venues de l’ex-bloc soviétique, des œuvres nées en marge des diktats esthétiques d’alors nous révèlent l’extraordinaire vitalité d’une création qui a pu, tout autant qu’en Occident, s’épanouir à l’ombre des poncifs culturels tout en élargissant nos définitions de l’art.
Cette exposition réunit pour la première fois des œuvres de la figure emblématique de l’art brut russe, Alexandre Lobanov (1924-2003) - qui fera l’objet d’une rétrospective à la Collection de l’Art Brut de Lausanne en 2007 - et celles, moins connues, d’Almazov ou de Leonov, voire jamais présentées en France, comme celles du jardinier moscovite Romanenkov.
A sept ans, Alexandre Lobanov devient, à la suite d’une méningite, sourd et muet. Révolté, souvent agressif, sa famille le fait interner en hôpital psychiatrique à l’âge de vingt-trois ans. Il manifeste les dix premières années une haine et souvent une agitation extrêmes. A partir de 33-35 ans, il se met progressivement à dessiner. Alors, son comportement se transforme. Jadis turbulent et irascible, il se calme et devient plus sociable. Le dessin le distrait et le tranquillise, stabilise son état psychologique. Toute son activité est désormais axée sur les moments où il est seul à seul avec une feuille blanche et vierge. Souriant, il dessine tout d’abord un cadre, soigneusement, puis «[…]