dan miller
graphein
Dan Miller superpose des couches considérables d’écriture - lettres, figures, mots - jusqu’à l’illisible. Sa création acharnée a tant fasciné le public qu’il est l’un des premiers artistes d’art brut à être entré dans les collections permanentes du MOMA, à New-York, en 2008. Bien que cette oeuvre soit formellement très contemporaine, entrant notamment en résonance avec le travail de Pollock et de Cy Twombly, c’est néanmoins hors du débat artistique que Miller invente ses modes d’expression.
Né à Castro Valley en 1961, Dan Miller souffre d’une forme d’autisme profond. Depuis plus de 15 ans il fréquente le Creative Growth Art Center d’Oakland (Californie), comme de son vivant Judith Scott - dont les « cocons » ont été récemment exposés, sur une idée de Jean de Loisy, au collège des Bernardins, à Paris.
Obsédé par des objets comme des ampoules ou des douilles électriques, par des noms de villes, de gens, par des chiffres, par la nourriture, il décline son monde intérieur en répétant, exalté, sur le papier, les signifiants qui s’y rapportent. Peinture, stylo, crayon, feutre, à l’instar des mots, différents matériaux se chevauchent, créant de subtiles strates chargées d’une force graphique incontestable.
Récemment, il s’est même approprié une vieille machine à écrire avec laquelle, retenant par moments le papier, il met à jour son procédé en surimprimant les caractères.
Ces créations portent en elles un dynamisme rare, une rage d’expression qui semble raviver - au-delà du cryptage lexical que provoque l’accumulation - le corps de la lettre, la force expressive des mots. C’est l’illustration parfaite du graphein grec, à la fois écriture et peinture.
Devenu, en une décennie, l’un des artistes bruts contemporains les plus reconnus, cet autiste originaire de Californie est parfois comparé à Cy Twombly, qui déconstruisait le langage tandis que, par effet de miroir, Dan Miller le construit. La galerie a participé, depuis 2010, à sa reconnaissance internationale en organisant plusieurs expositions et en publiant la seule monographie existant à ce jour, enrichie d’un essai de Richard Leemann. Présent dans d’innombrables collections publiques et privées – dont celles du MoMA et de Pompidou - il faisait également partie de la sélection officielle de la Biennale de Venise 2017.
Préfaces : Richard Leeman & Tom di Maria
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Dan Miller : Graphein I, du 24 mars au 19 mai, 2012.