les disparus
collection sébastien lifshitz
Après avoir regardé des centaines de photocollages de Jorge Alberto Cadi pour préparer cette exposition, des images de ma collection de photographies amateur me sont revenues, comme une évidence. Cadi transforme en permanence les personnes sur les photos qu’il trouve. L’image native est scarifiée, découpée, peinte, cousue.
De la même manière, on retrouve ces manipulations dans la photographie vernaculaire, qu’elles soient volontaires ou créées par hasard. Ces transformations sont certes moins spectaculaires que dans l’œuvre de Cadi, mais elles produisent une étrangeté fascinante qui m’a toujours attiré.
Ces photos trouvées dans des cartons pourris aux puces ou sur internet sont de véritables rebuts, car la disparition du sujet les rend inopérantes ou illisibles. Les gestes violents qu’elles recèlent éveillent en nous des récits imaginaires, où l’on cherche à comprendre les raisons qui ont pu pousser quelqu’un à effacer une autre personne d’une image
Une photographie, même détruite, reste une trace précieuse, car elle célèbre l’absence mystérieuse qui vit en son cœur.