eugene von bruenchenhein
american beauty
Eugene von Bruenchenhein (1910-1983), modeste boulanger de Milwaukee pensait qu’être né l’année du passage de la Comète de Halley était la preuve irréfutable que les dieux l’avaient doté d’un génie artistique. « Je viens d’un autre monde », affirmait-il.
Et se mit à produire un oeuvre considérable constitué de peintures, de sculptures (avec des os de poulet) et de photographies.
Ces dernières ont étendu sa renommée bien au-delà du cercle des amateurs d’art brut : ses clichés sont actuellement à l’honneur à la Biennale de Venise, tandis qu’une salle vient de lui être consacrée dans l’exposition An Alternative Guide to The Universe, à la Hayward Gallery (Londres).
Dés 2004, dans l’exposition Create and be Recognized, photography on the edge, au YBCA de San Francisco, son travail fut associé à ceux d’autres photographes inclassables parmi lesquels Miroslav Tichy ou Lee Godie. Cet éclairage contribua d’ailleurs à libérer l’art brut du dogme qui tenait à distance la photographie, voire la musique, sans parler de la vidéo ou de l’infographie. Alors même que la démocratisation de ces pratiques en favorisait les nouveaux usages.
Von Brunchenhein, à la manière d’un Alfred Stieglitz, fait de son épouse la nouvelle Georgia O’Keeffe. Ses clichés témoignent de la dévotion qu’il voue à Marie : leur complicité évidente outrepasse la relation d’un Pygmalion à sa pin up ; leur jeu amoureux, mêlé de fétichisme, transgresse les usages du Midwest tout en proposant une version domestique des modes de représentation de l’érotisme d’après-guerre. Une troublante American Beauty.
Eugene von Bruenchenhein, modeste boulanger de Milwaukee (États-Unis) pensait qu’être né l’année du passage de la Comète de Halley était la preuve irréfutable que les dieux l’avaient doté d’un génie artistique. « Je viens d’un autre monde », affirmait-il. Il épouse en 1943 Eveline Kalke, de 10 ans sa cadette, qui devient sa muse, l’inspiratrice et le sujet, direct ou indirect de l’ensemble de son art. Il la rebaptise du prénom de Marie. La photographie devient alors son principal mode d’expression : il effectue des centaines de portraits de Marie parée de différents attributs. En 2013, ces clichés ont été à l’honneur à la Biennale de Venise, tandis qu’une salle entière lui a été consacrée dans l’exposition An Alternative Guide to The Universe, à la Hayward Gallery (Londres).
Préface : Adrian Dannatt
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Eugene Von Bruenchenhein : american beauty, du 18 octobre au 23 novembre 2013.