Eugene Von Bruenchenhein
Eugene von Bruenchenhein, modeste boulanger de Milwaukee (États-Unis) pensait qu’être né l’année du passage de la Comète de Halley était la preuve irréfutable que les dieux l’avaient doté d’un génie artistique. « Je viens d’un autre monde », affirmait-il. Il épouse en 1943 Eveline Kalke, de 10 ans sa cadette, qui devient sa muse, l’inspiratrice et le sujet, direct ou indirect de l’ensemble de son art. Il la rebaptise du prénom de Marie. La photographie devient alors son principal mode d’expression : il effectue des centaines de portraits de Marie parée de différents attributs. En 2013, ces clichés ont été à l’honneur à la Biennale de Venise, tandis qu’une salle entière lui a été consacrée dans l’exposition An Alternative Guide to The Universe, à la Hayward Gallery (Londres).
Eugene Von Bruenchenhein, né le 31 juillet 1910 dans l’Etat du Wisconsin (États-Unis), perd sa mère à l’âge de 7 ans et travaille très tôt comme boulanger, fleuriste puis épicier. Après sa journée de travail, dans l’intimité de sa cuisine, il se livre dans le plus grand secret à une production artistique quasi obsessionnelle, persuadé qu’être né l’année du passage de la Comète de Halley est la preuve irréfutable que les dieux l’ont doté d’un génie artistique. « Je viens d’un autre monde », a-t-il l’habitude d’affirmer. Il épouse en 1943 Eveline Kalke, de 10 ans sa cadette, qui devient sa muse, l’inspiratrice et le sujet, direct ou indirect de l’ensemble de son art. Il la rebaptise du prénom de Marie.
La photographie devient alors son principal mode d’expression : il effectue des centaines de portraits de Marie parée de différents attributs - décorations de Noël, tissus à motifs, couronnes de cuivre – dans des poses souvent érotiques, installée sur une chaise devant un décor fabriqué de toute pièce. Marie est, tour à tour, déesse, reine, star, séductrice ou ingénue. Eugène développe ses photos dans son évier et découvre la double exposition qui leur confère une touche de surréalisme à la Man Ray. D’autres fois, il colorise les clichés à la main.
Parallèlement à cette création débridée, il réalise quelques toiles conventionnelles. Néanmoins, cette activité va prendre un essor particulier : en 1954, le développement de la bombe à hydrogène affecte profondément Eugène et marque le début d’une série de peintures expérimentales à l’huile qu’il applique avec ses mains ou des pinceaux confectionnés avec des cheveux de Marie. Enfin, Eugène Von Bruenchenhein entreprend d’exécuter des sculptures à partir d’os de poulets ou de dinde.
Son œuvre, découverte peu après sa mort le 24 janvier 1983 (à l’âge de 72 ans), fut exposée dès septembre 1983 au musée John Michael Kohler Arts Center de l’Etat du Wisconsin. En 2005, l’exposition Create and be recognized, Photography on the edge, organisée à Chicago, en plus de lui emprunter son titre, le consacre définitivement et lui offre la reconnaissance d’artistes comme Cindy Sherman.
Préface : Adrian Dannatt
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Eugene Von Bruenchenhein : american beauty, du 18 octobre au 23 novembre 2013.