fata morgana : mémoires de l’invisible
Une sélection d’œuvres d’Anna Zemánková, artiste représentée par la galerie Christian Berst, est présentée dans l’exposition Fata Morgana : Memories of the Invisible au Palazzo Morando à Milan.
L’exposition est conçue par la Fondazione Nicola Trussardi spécialement pour les espaces du Palazzo Morando, un musée consacré à l’histoire de la ville de Milan et autrefois résidence de la comtesse Lydia Caprara Morando Attendolo Bolognini (née en 1876 à Alexandrie ; morte en 1945 à Vedano al Lambro, Monza Brianza).
Au tournant du XXᵉ siècle, dans ses somptueux appartements, la comtesse rassembla une vaste bibliothèque consacrée à l’occultisme, aux thèmes spirituels et alchimiques, aujourd’hui conservée à l’Archivio Storico Civico et à la Biblioteca Trivulziana.
Consacrée aux pratiques artistiques nourries par l’invisible, l’automatisme psychique et les états de transe comme modes de création, Fata Morgana s’inspire de la figure de la comtesse et de son archive ésotérique.
Fata Morgana (Morgane la Fée) est un personnage mythologique dont l’histoire s’entrelace avec les légendes du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Elle est souvent associée à des lieux mystérieux, tels que l’île d’Avalon — un passage entre le monde des vivants et celui des morts.
Dans l’imaginaire collectif, Morgane est une redoutable magicienne — parfois bienveillante, parfois impitoyable — gardienne des secrets, des illusions et des mondes intermédiaires, capable de puissants sorts, enchantements et tromperies.
Dans des interprétations plus récentes, elle est également perçue comme une femme libre, indépendante et anticonformiste, indifférente aux règles imposées par la société.
C’est dès le début des années 60 que cette humble Moravienne se mit à produire un œuvre auquel sa condition ne l’avait pas préparée, répondant de façon saisissante à des injonctions venues des tréfonds. Ainsi, à l’heure où les démons de la nuit se disputaient encore les irisations séminales de l’aube, elle cueillait en pensée des fleurs étranges pour les faire saillir du papier. Anna Zemánková est une figure déjà consacrée de l’art brut, au point qu’elle fut honorée en 2013 à la Biennale de Venise avant qu’un ensemble important de ses œuvres rejoigne les collections du Centre Pompidou, puis les collections du Boston Museum of Fine Arts en 2020. En 2024, ses œuvres ont été présentées pour la seconde fois à la Biennale de Venise sous le commissariat d’Adriano Pedrosa.