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Un samedi matin, au milieu des années 1930, Mancy Massengill, une épouse et mère de deux enfants, a vu des gens se faire prendre en photo dans un photomaton à Batesville, Arkansas. Selon son fils Lance, « elle s’est approchée, et a obtenu le nom de l’appareil photo, puis elle a écrit à l’entreprise et a commandé la lentille. Elle a obtenu l’argent en vendant deux-douzaines de poulettes. » Son mari, Jim, construisit une boîte pour loger la lentille et équipa une remorque pour aménager un studio photo mobile. Le week-end, ils se sont déplacés dans de petites villes à travers l’état pour faire des photos, trois pour un sou.

Jim et Mancy Massengill ont commencé cette activité familiale afin de joindre les deux bouts. Le pays était en proie à la dépression et sur le point d’entrer dans la Seconde Guerre mondiale. Le travail était rare dans l’Arkansas rural, mais les Massengills comprirent que même dans les moments difficiles, la vie continuait. Les bébés naissaient, les enfants jouaient, les couples se rencontraient, et tous vieillissaient. Quelqu’un se devait d’être là pour saisir ces moments et cette personne pouvait en vivre.

Quelques années plus tard, les fils du Massengill, Lance et Lawrence, et leurs femmes, Evelyn et Thelma, ont pris part à l’entreprise. Équipés de leurs propres remorques, ils ont fait leurs propres images, et voyagé à travers l’état à la recherche de clients. Les journaux intimes des membres de la famille qui ont été conservés témoignent d’une éthique et d’un esprit d’entreprise très fort, mais ne contiennent que peu de mentions de préoccupations esthétique ou technique. Les hommes et les femmes des deux générations décrivent où ils allaient, ce qu’ils ont fait, mais ne décrivent que très peu leur vie quotidienne. À quelques exceptions près, ce que l’on connaît de leur vie est raconté par les images qu’ils ont faites.

Les photos de famille Massengill peuvent être ludiques, sérieuses, étranges, et parfois, hantées. Créées à l’origine comme des souvenirs précieux, ces photographies enregistraient les moments importants vécus par les très jeunes, les personnes très âgées, et tout le monde entre les deux. Vues aujourd’hui, les images fournissent des portraits honnêtes et intimes de la vie dans le Sud rural dans une époque révolue.

Ceci est la substance de la littérature, du cinéma, de l’art et de la musique - la vie tourne sur une pièce de dix cents. Mancy Massengill entre dans un magasin et a l’idée de commencer à faire des photographies. Près de 70 années plus tard, Maxine Payne, un photographe de l’Arkansas, reprend contact avec une amie de la famille, Sondra Massengill, la fille de Lance et Evelyn, et est invité à découvrir des centaines de photographies dont elle ne connaissait pas l’existence. Ces deux événements, sans exclure tout ce qui s’est passé entre les deux, ont permis à ce projet de prendre vie. Aujourd’hui, grâce à la chance, à la providence, ou aux deux, nous avons l’occasion de voir ces photographies qui auraient autrement été perdues au passage lent mais inéluctable du temps.

Phillip March Jones

L’exposition est accompagnée d’une publication du même titre, coéditée par Dust-to-Digital et Institute 193.

Revue de presse
Raising the Profile of Columbia’s Art
New York Times. Le 8 janvier 2015.
The Massengill Family “Making Pictures: Three For A Dime” at Christian Berst Art Brut
Artcards. Le 6 janvier 2015.
making pictures : three for a dime

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