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Dans la vie d’orpailleur qui est celle de l’amateur d’art brut, trouver une veine aurifère qui couvre ainsi la première moitié du XXe siècle est devenu chose rare et précieuse.

Car dans ces ensembles que forment les collections des psychiatres espagnols Gonzalo Rodríguez Lafora (1886-1971) et Ramón Sarró (1899-1993), l’on peut discerner bien davantage qu’un arrêt sur images - au propre et au figuré - de ce que l’on nommait alors la psychopathologie de l’expression.

De même ne faut-il trop s’attarder sur les tentatives que menèrent ces hommes de science et quelques autres à jeter les vains fondements d’une pathographie. Mais, bien plus, ce qu’il nous est donné à voir entre les plis du rideau ou par- dessus le mur, c’est un inventaire imagé de nos affects : à travers les yeux de ces médecins et le filtre de leur culture, nous sommes invités à feuilleter un catalogue d’œuvres sauvées du désastre.

De l’intime désastre, ce géniteur de vénéneuses et troublantes beautés. De ces productions libérées pour l’essentiel de l’injonction de plaire ou du désir de paraître. Au point que l’on se prend à rêver à celles qui n’ont pas eu l’heur de flatter les attentes des psychiatres : marquées, donc, d’une double malédiction, tant elles gravitaient dans des zones inatteignables pour l’œil d’alors.

Si les œuvres réunies par Sarró ont été peu vues, quelques-unes provenant de la moisson de Lafora ont pu être admirées à deux reprises : tout d’abord en 1950, pour l’Exposition internationale d’art psychopathologique lors du 1er Congrès Mondial de Psychiatrie qui se tînt à l’Hôpital sainte-Anne, à Paris. Certaines furent d’ailleurs reproduites dans l’ouvrage que le Dr. Robert Volmat consacra en 1955 à cet événement fondateur.

D’autres figurent sous la forme d’un portfolio qui accompagne le volume n°7 de la Psychopathologie de l’Expression dédié à Gonzalo R. Lafora et paru en 1965. Mais il faudra attendre l’exposition Pinacoteca psiquiátrica en España (1917-1990), en 2009-2010 à Valence pour les redécouvrir, agrémentées des cartels originaux rédigés par ce psychiatre, comme pour en lever un pan du voile, sans y parvenir vraiment.

Même si beaucoup de ces artistes restent prisonniers de l’anonymat dû au secret médical, l’exposition que nous leur consacrons les réincarne pleinement et leur rend l’hommage que nous devons aux hommes debout, malgré tout. Ce testament artistique de leur altérité conservé par deux psychiatres atypiques nous permet d’affirmer avec eux : ceux-là ont vécu, souffert, aimé, mais ils ont éclairé leur nuit.

Catalogue
Sauvées du désastre œuvres de deux collections de psychiatres espagnols (1916-1965)
Sauvées du désastre : œuvres de deux collections de psychiatres espagnols (1916-1965) - © christian berst — art brut

Préfaces : Graciela Garcia et Béatrice Chemama-Steiner
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Sauvées du désastre : œuvres de deux collections de psychiatres espagnols (1916-1965), du 7 mars au 11 avril 2015.

Revue de presse
Nous sommes tous des schizophrènes
Philippe Godin, Libération - Diagonale De L’art. Le 7 avril 2015.
sauvées du désastre
Philippe Dagen, Le Monde. Le 23 mars 2015.
La semaine du dessin : guide anti casse-tête
Florence Bousquet Et Céline Piettre, Exponaute. Le 23 mars 2015.
sauvées du désastre
Télérama.fr. Le 11 mars 2015.
Art brut : la collection du Dr Lafora
Animula Vagula. Le 8 mars 2015.
Sauvées du désastre

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