Paris
Photo
Paris Photo reporté à 2021.
Notre projet initial
L’artiste cubain Jorge Alberto Cadi, à qui nous avons consacré une exposition et un catalogue monographique en 2019, bénéficiera d’un solo show lors de la 24ème édition de Paris Photo qui se tiendra au Grand Palais du 12 au 15 Novembre 2020.
Boltanskien dans son usage mémoriel de la photographie, warholien lorsqu’il coud des greffons de clichés entre eux, El Buzo cherche avant tout à révéler ce que ces images recèlent de mélancolie, de fatum, de memento mori. Mais, à la différence d’Annegret Soltau, Cadi se désengage et opère par transfert.
Par ailleurs, même s’il se livre dans ses photomontages – à la manière d’une Hannah Höch – à une satire sans compromis des normes bourgeoises et religieuses, ses sujets demeurent en prise avec nos affres les plus archaïques : les fantômes sont-ils tapis dans l’ombre comme des remords ou comme les traces de nos chers disparus ? Les personnages décapités portent-ils leur tête en signe d’aliénation ou, comme saint Denis, de résurrection ? Les attributs diaboliques dont ils sont parfois affublés sont-ils la marque de nos démons intérieurs ? Les vedettes de cinéma à la beauté flétrie nous renvoient-elles à notre propre déclin ? Les lèvres cousues et les regards vides nous rappellent-ils notre infirmité à dire et à voir ?
Mais que vaut l’interprétation littérale de cette fabrique d’histoires si l’on ne tient pas compte de l’ingrédient magique, surnaturel, fantastique qui en rehausse la saveur … et l’arrache à sa contingence ? Et ce, même s’il affirme que « nous sommes un peu cousus par le temps », sa pratique ne peut être réduite à une écriture du temps, pas plus que la photographie ne peut être restreinte à l’écriture de la lumière. Plus vraisemblablement, comme c’est le cas pour les contes, les dispositifs de Cadi ont-ils des vertus thérapeutiques insoupçonnées.
Dans les rues de La Havane, Jorge Alberto Cadi n’est connu que comme « El Buzo » - le plongeur-, constamment à la recherche de matériel pour ses œuvres, dans les objets délaissés de la ville. Boltanskien dans son usage mémoriel de la photographie, warholien lorsqu’il coud des greffons d’images entre eux, Cadi cherche avant tout à révéler ce que les images cachent. Exposé pour la toute première fois en 2019 par la galerie, puis en 2022 à Paris Photo, il a été présenté la même année dans le 2e volet de Photo brut qui, après les Rencontres de la photographie d’Arles, a été accueilli à la Centrale et au Botanique, à Bruxelles. Son œuvre fait notamment partie des collections du Musée national d’Art moderne (Pompidou). En 2023, il a été exposé par Sophie Calle au Musée Picasso.