Mary T. Smith :
Mississippi shouting #2
L’histoire de Mary Tillman Smith est celle d’une enfant pauvre du Mississippi qui, au soir de sa vie, a entamé un œuvre très tôt admiré par Basquiat et figurant aujourd’hui dans les collections des musées les plus prestigieux, parmi lesquels le Metropolitan Museum (New-York), la National Gallery of Art (Washington), le High Museum of American Art (Atlanta), le Smithsonian Museum (Washington) ou le Musée national d’Art Moderne (Paris).
Mary, née en 1904 dans une famille de métayers à Martinville, Mississipi, souffrait d’une déficience auditive qui, très tôt, en l’isolant, a développé chez elle une rage créatrice doublée d’une capacité de résistance hors pair. Condamnée très tôt aux travaux des champs, cette enfant traçait déjà dans la terre d’étranges dessins accompagnés de textes sibyllins. Mais ce n’est qu’au crépuscule de sa vie qu’elle se mit à donner corps à sa cosmologie personnelle en peignant sur des tôles ou des panneaux de bois disposés sur et autour de son modeste bungalow. En établissant ce rapport particulier au monde, en interpellant de la sorte les passants, elle invente une sorte de blues graphique où l’art devient l’intercesseur par excellence de forces qui la dépassent. Car, en même temps que de retrouver sa propre dignité, elle débarrasse l’art des postures convenues pour le faire accéder au rang de manifeste. Un manifeste violemment positif et, en dépit de quelques thèmes religieux, subversif même. Cette « esthétique solaire », comme la qualifie Daniel Soutif, provoque une forme d’oscillation primale entre l’humain et le divin qui nous fait remonter aux racines profondes de la création.
Mary T. Smith, disparue en 1995, laisse derrière elle quelques centaines de peintures d’une puissance élémentaire exceptionnelle qui lui valent d’être reconnue aujourd’hui comme l’une des figures dominantes de l’art brut américain.
Enfant pauvre du Mississippi contrainte aux labeurs les plus durs, cette Afro-Américaine a entamé, au soir de sa vie, un œuvre qui s’apparente à un véritable blues graphique. Mary T. Smith donnait corps à sa cosmologie personnelle en peignant sur des panneaux de tôle et de bois disposés autour de sa maison. Son “esthétique solaire” — dixit Daniel Soutif — et ses modes de représentation puissamment élémentaires ont fait forte impression sur Jean-Michel Basquiat. Aujourd’hui considérée comme une figure emblématique de l’art brut américain, ses œuvres sont entrées au Metropolitan Museum of Art (New York), au Smithsonian Museum of American Art (Washington) ou encore au High Museum of Art (Atlanta).
Textes : William S. Arnett & Daniel Soutif
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition mary t. smith : mississipi shouting #2, du 14 octobre au 21 novembre 2021.