josef hofer
alter ego
La galerie christian berst présente Joseph Hofer, alter ego et lève le voile sur l’oeuvre de ce créateur autrichien, considéré comme « le plus grand » des « bruts » contemporains par l’artiste Arnulf Rainer, un de ses premiers collectionneurs. Pepi – c’est ainsi qu’il signe – se raconte. Dans le miroir qu’il se tend et qu’il nous tend, le corps tente de prendre son essor dans le carcan du cadre avec une grâce érotisée, indomptée.
Le ciel de l’art brut ou, du moins, l’idéal d’une création pure - avec les précautions qu’un tel postulat impose - est parfois traversé de figures cométiques qui, si elles n’apportent pas une confirmation sans équivoque de ces thèses, les rendent pour ainsi dire palpable. Josef Hofer est non seulement l’une de ces figures, mais il en est en quelque sorte l’archétype. Des « bruts » contemporains, il est « le plus grand » affirme Arnulf Rainer, qui demeure l’un de ses premiers collectionneurs.
En narcisse ingénu dont la réputation s’est étendue depuis près de dix ans au-delà du cercle des initiés, Hofer met en images une dualité fondatrice entre le corps et la psyché. Quelque chose qui tiendrait à la fois de l’enfance de l’art, selon Michel Thévoz, et du protocole conjuratoire, selon Philippe Dagen. Car Hofer épuise littéralement son sujet tout en renvoyant dos à dos les tenants d’un primitivisme absolu et les chantres d’une culture triomphante.
Ce qu’il invente agit dans les zones de friction de ces plaques tectoniques, là où des continents d’apparence lointains se chevauchent dans les profondeurs, contrariant un peu plus les cartographies usuelles de l’art. Il s’y tient, dans ce territoire d’ébranlement et de re-fondation, fermement mais sans posture, étranger aux conjectures mais présent corps et âme, impliqué - intriqué serait-on tenté de dire. Josef Hofer se met en jeu. En je. Et comme l’on sait, « Je est un autre. » Alter ego.
Des portraits de l’artiste par le photographe suisse Mario Del Curto sont présentés en contrepoint des dessins de Hofer et une table ronde avec Christian Boltanski et Philippe Dagen est programmée le 13 décembre le thème « l’art brut est-il soluble dans l’art contemporain ? »
Pensionnaire depuis plus de 30 ans d’une institution autrichienne, Josef Hofer ne parle pas, il dessine. Inlassablement. Dans le miroir qu’il se tend et qu’il nous tend, les personnages tentent de prendre leur essor dans le carcan du cadre avec une grâce érotisée, indomptée. Ses productions mettent en images une dualité fondatrice entre le corps et la psyché. Présent dans de nombreux musées, il compte parmi de grandes collections privées, comme celles d’Antoine de Galbert (France), ou d’Arnulf Rainer (Autriche), qui le considère d’ailleurs comme « l’un des plus grands artistes d’art brut contemporains ». Un ensemble important de ses œuvres a rejoint en 2021 les collections du Centre Pompidou, tandis que la galerie est devenue propriétaire de son estate en 2022.
Préfaces : Philippe Dagen, Elisabeth Telsnig
Avant-propos : Christian Berst
Photographies : Mario del Curto
Publié à l’occasion de l’exposition Josef Hofer : alter ego, du 2 décembre 2011 au 14 janvier 2012.
Co édité avec les éditions Le livre d’art, 2011.
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