Josef Hofer
Pensionnaire depuis plus de 30 ans d’une institution autrichienne, Josef Hofer ne parle pas, il dessine. Inlassablement. Dans le miroir qu’il se tend et qu’il nous tend, les personnages tentent de prendre leur essor dans le carcan du cadre avec une grâce érotisée, indomptée. Ses productions mettent en images une dualité fondatrice entre le corps et la psyché. Présent dans de nombreux musées, il compte parmi de grandes collections privées, comme celles d’Antoine de Galbert (France), ou d’Arnulf Rainer (Autriche), qui le considère d’ailleurs comme « l’un des plus grands artistes d’art brut contemporains ». Un ensemble important de ses œuvres a rejoint en 2021 les collections du Centre Pompidou, tandis que la galerie est devenue propriétaire de son estate en 2022.
Josef Hofer ne parle pas. En revanche, il s’exprime inlassablement par le dessin. Né en 1945, il est élevé reclus dans une ferme en Haute-Autriche car souffrant tout comme son frère d’un retard mental, de difficultés d’audition et d’élocution auxquels s’ajoute, pour Josef, une mobilité réduite, le père a souhaité soustraire ses fils aux moqueries de l’entourage et surtout aux traitements qu’auraient pu leur infliger les occupants nazis puis soviétiques. A la mort du père, en 1982, la mère part vivre avec ses fils à Kirschlag, donnant à Josef l’occasion de contacts sociaux, ainsi que la possibilité de fréquenter un hôpital de jour. Ces changements s’avèrent bénéfiques: Josef prononce même quelques mots. Par la suite, il est pensionnaire d’une institution à Ried, où Elisabeth Telsnig repère son goût pour le dessin et encourage sa créativité.
Pepi - c’est ainsi qu’il signe - se regarde, Pepi se raconte. Dans le miroir qu’il se tend et qu’il nous tend, nous assistons, médusés, à l’enfance de l’art. Comme le souligne Michel Thévoz, « Josef Hofer est en état de grâce ». Une grâce érotisée, indomptée, où le corps tente de prendre son essor dans le carcan du cadre. Nudité sensuelle et brute qui perce au travers de son trait sûr et frustre aux couleurs chaudes.
Depuis la rétrospective que lui a organisée la Collection de l’Art Brut en 2003, de nombreuses expositions et publications lui ont été consacrées. Ses dessins - que nous avons présentés à la galerie dès 2008 font désormais partie des plus grandes collections d’art brut au monde.
Présenté par le Museum of Everything à Turin 2010, une rétrospective accompagnée d’un catalogue lui a été consacrée cette même année à Prague et une autre – fait unique dans l’histoire de la Collection de l’Art Brut – lui a été à nouveau dédiée en 2011 à Lausanne, doublée cette fois-ci de la publication d’une importante monographie.
Josef Hofer a été montré à deux reprises à la Maison rouge en 2014 dans les expositions Le Mur, œuvres de la collection Antoine de Galbert et art brut, collection abcd/Bruno Decharme. Depuis, un ensemble de ses dessin a été exposé en 2022 au DOX à Prague dans l’exposition POWER(LESS) ainsi qu’au Musée national Soares dos Reis à Porto tandis que plus de 250 de ses dessins étaient présentés au Kunstmuseum Thurgau / Ittinger Museum de Warth en Suisse.
Préface : Elisabeth Telsnig & Philippe Dagen
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Josef Hofer : transmutations, du 5 décembre 2015 au 16 janvier 2016.