jean perdrizet
deux ex machina
L’histoire de la science du XXe siècle n’a pas retenu le nom de Jean Perdrizet. Cet adjoint des ponts et chaussées, né en 1907, que les troubles mentaux ont trop vite écarté de toute vie professionnelle, a pourtant fasciné tous les scientifiques rêveurs qui ont croisé sa route. Se disant « inventeur », Perdrizet, sans relâche, a tenté d’éveiller les consciences en outrepassant, comme le font les grands chercheurs, les limites que leurs disciplines leur ont assigné.
Opérant par subtils déplacements de la réalité, transgressant toutes fonctions utilitaires primaires, il vivait dans un univers occupé par sa mère et les machines célibataires qu’il chargeait d’enchanter notre univers. Perdrizet est cousin, par bien des aspects, de Camille Flammarion – pour le dépassement du monde terrestre –, de Raymond Roussel – pour la poétique machinique – et de Marcel Duchamp – pour l’esthétique du mouvement. Les plans de ses inventions, qu’il adressait aux plus hautes instances scientifiques comme la NASA, le CNRS ou le comité Nobel, sont autant d’invitations à reconsidérer les limites de la physique, en nous donnant les codes d’un ailleurs.
Des « robots adam sélénites » comme ambassadeurs cosmiques de l’humanité, des “machines pour communiquer avec les fantômes”, « l’esperanto sidéra l» pour faciliter nos échanges avec les extraterrestres, tout ce merveilleux avec lequel Perdizet proclamait l’abolition de la mort, avant de disparaître, trois jours après sa mère, en 1975.
Cet ancien adjoint des ponts-et-chaussées, devenu « inventeur », a fasciné tous les scientifiques qu’il a rencontrés. Sans relâche, il a voulu éveiller les consciences en outrepassant les limites de la raison. Les plans de ses inventions qu’il adressait aux plus hautes instances scientifiques, comme la NASA, le CNRS ou le comité Nobel, sont autant d’invitations à reconsidérer les possibilités de la physique, en nous donnant les codes d’un ailleurs. Celui à qui nous avons consacré une importante monographie est aujourd’hui présent dans d’éminentes collections parmi lesquelles le Mnam-Centre Pompidou (France), la collection de l’art brut (Lausanne), le LaM (France), la Pinacothèque Hervé Lancelin (Luxembourg) ou celle d’Antoine de Galbert (France).
Préfaces : Manuel Anceau, José Argémi, Jean-Gaël Barbara, Marc Décimo
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Jean Perdrizet : deus ex machina, du 3 février au 10 mars 2012.