josé manuel egea
luna llena
C’est sous le signe de la pleine lune (luna llena) - cet astre qui préside à la métamorphose de l’homme en loup-garou - que s’ouvre cette 3e exposition dédiée à l’artiste madrilène lycanthrope José Manuel Egea.
L’occasion de célébrer ses 10 années de création dans l’atelier « Debajo del sombrero » au travers d’un ensemble de sculptures et de dessins aux traits puissants convoquant le monstre tapi en chacun de nous.
José Manuel Egea, né en 1988 à Madrid, est fasciné depuis son enfance par l’univers du loup-garou. Convaincu d’en être un, il paraît vouloir nous révéler que ce double monstrueux sommeille chez beaucoup d’entre nous, pour ne pas dire chez tous.
Pour ce faire, il a développé une riche palette de représentations de cet « autre » que chacun recèle : du dessin aux interventions sur des portraits photographiques tirés de magazines ou de livres d’art, en passant par la sculpture et les performances lors desquelles il « joue » sa transformation.
Cette créature mythologique est évidemment le symbole d’une trouble dualité, mais elle incarne dans le même temps une puissance, mystérieuse, capable d’exercer un ascendant sur l’homme, de lui inspirer de la peur. Alors quoi de mieux pour l’exorciser que de jouer avec cette peur, de vouloir devenir la peur elle-même et se sentir investi de sa force ?
Il n’est pas anodin qu’Egea fasse surgir cette part d’ombre de préférence à partir d’images sur impression photographique glacée qui n’avaient pour seule vocation que de nous séduire. Il y convoque notre bestialité, faite de silhouettes fuligineuses et menaçantes, d’yeux énucléés, de pilosité triomphante et d’attributs lupins. Et c’est le basculement de l’autre côté du miroir.
Cet iconoclasme peut aller jusqu’à la scission de la page, nette, comme pour accentuer la fracture entre deux mondes ; parfois même, c’est le recouvrement complet de la feuille, d’où l’on devine alors à peine, vaincue dans la noirceur, la beauté factice que ces images nous imposaient.
José Manuel Egea s’adonne à un jeu libérateur puisque, tout en malmenant notre humanité, en s’émancipant de la norme, il nous révèle les grandeurs de l’altérité dans un geste artistique pur et sans retenue.
- Un entretien exclusif avec Lola Barrera et Luis Saenz, fondateur de Debajo del sombrero, est publié dans le catalogue de 100 pages (FR/EN).
Convaincu de sa lycanthropie (croyance en la transformation d’un homme en loup), ce jeune artiste madrilène s’inspire des métamorphoses kafkaïennes, des comics et de la mythologie. Son œuvre polymorphe – dessins, sculptures, performances – nous invite à accepter notre thérianthropie refoulée (transformation d’un être humain en animal). Défendu par la galerie depuis 2016, ses œuvres ont figuré récemment dans Photo | Brut #2 à Bruxelles (2022), Portreto de la Animo au Museo Nacional de Soares dos Reis à Oporto (2023), ainsi qu’à la Fundación ONCE à Madrid et à la Fondation Francès (2024). Ses créations enrichissent d’importantes collections européennes comme celles d’Hervé Lancelin, Laurent Dumas ou Piet Meyer.
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catalogue publié à l’occasion de l’exposition
josé manuel egea : luna llena
du 1er février au 1er mars 2025
entretien entre adriana bustamante, lola barrera et luis sáez
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