José Manuel Egea
Convaincu de sa lycanthropie, ce jeune artiste madrilène est fasciné par la métamorphose kafkaïenne présente dans l’univers du comics et de la mythologie. Son œuvre, lui aussi polymorphe, constitué de dessins, sculptures et performances nous exhorte à accepter notre thérianthropie refoulée. Défendu par la galerie depuis 2016 il a fait l’objet, la même année, d’une vaste présentation lors de la Biennale de l’Image possible, à Liège. Il est désormais présent dans de grandes collections européennes comme celles d’Antoine de Galbert ou de Laurent Dumas (France).
Né à Madrid en 1988, José Manuel Egea est un adepte, depuis l’âge de 10 ans, des super-héros des Marvel Comics, et tout particulièrement de Jack Russell le loup garou et de Hulk, le géant vert qu’il se plaît à imiter. La transformation de l’homme en bête, d’être humain en créature puissante, terrible et indestructible, le fascine. Elle est au centre de toute sa création produite, depuis 2010, au sein du centre de création « Debajo del sombrero » (sous le chapeau) qui accueille des personnes présentant des déficiences intellectuelles.
Egea n’a pas de difficulté à se connecter à « la part de loup » - comme il l’appelle - qui réside dans l’apparence de tout individu. Il la connaît bien, l’exprimant lors de crises au cours desquelles il a besoin de hurler pour se calmer et de déchirer toute sorte de choses, tout spécialement ses vêtements.
Un large pan de son travail consiste à modifier des photographies choisies dans des magazines, qu’il crayonne au stylo bille jusqu’à ce que le portrait, enterré sous la noirceur de l’encre, disparaisse pour céder la place au monstre. Son stylo invoque l’animal qui réside dans le sujet du portrait et qui lutte pour émerger.
Sa famille raconte comment chez eux, il a l’habitude de déchirer le papier, de préférence les magazines et les livres illustrés (tout spécialement ceux sur l’art), qu’elle doit donc cacher afin d’éviter qu’il ne les découpe ou en arrache les couvertures.
Une série de mots ou de phrases qu’il répète mystérieusement l’attire particulièrement : androgyne, la naissance, la transformation, sacristie, étant né nu, cordon ombilical, le mannequin, la plage, il devient moitié homme moitié loup, hypertrichose, restant noir pour toujours, homidés - il semble que ce dernier mot l’effraie beaucoup.

Préface : Graciela Garcia & Bruno Dubreuil
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition José Manuel Egea : lycanthropos, du 3 septembre au 15 octobre 2016.