guo fengyi
une rhapsodie chinoise
Le monde de l’art brut poussant toujours plus loin ses investigations, il était devenu inéluctable que la Chine lui offre un horizon à la mesure de ses attentes. Guo Fengyi est, à cet égard, une synthèse éloquente entre permanence et rupture. Permanence, en ce sens que dans ses dessins, les modes de représentation et les croyances populaires – ici celles liées au tao, au yi king ou encore au qi gong – y sont lisibles en filigrane. Rupture, car Mme Guo transgressait ces modes, s’en pénétrait pour mieux s’en dégager et atteindre à sa vérité ; du moins celle d’une créatrice qui croit son œuvre assez forte pour lui livrer des clés sur son essence comme sur son existence. Même si la connaissance à laquelle elle aspirait nous est largement inaccessible, ses visions déploient un rayonnement qui confine à l’universel.
Au-delà du magnétisme souverain qui émane de cet ensemble d’oeuvres montré pour la toute première fois en Occident, cette exposition nous confronte à la question consubstantielle à l’art brut : existe t-il un art qui ne soit ni culturel, ni cultuel ? Mme Guo n’y répond pas, mais nous offre sa grâce.
Après avoir été acclamée lors d’Art Basel en 2009, au Museum of Everything (Londres) puis à la Pinacoteca
Agnelli (Turin) en 2010, et alors que Lausanne s’apprête à lui consacrer une rétrospective, cette future «classique» de l’art brut fait escale à Paris.

Préface : Rong Zheng
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Guo Fengyi : une rhapsodie chinoise, du 10 décembre 2010 au 15 janvier 2011.