guo fengyi
une rhapsodie chinoise
Le monde de l’art brut poussant toujours plus loin ses investigations, il était devenu inéluctable que la Chine lui offre un horizon à la mesure de ses attentes. Guo Fengyi est, à cet égard, une synthèse éloquente entre permanence et rupture. Permanence, en ce sens que dans ses dessins, les modes de représentation et les croyances populaires – ici celles liées au tao, au yi king ou encore au qi gong – y sont lisibles en filigrane. Rupture, car Mme Guo transgressait ces modes, s’en pénétrait pour mieux s’en dégager et atteindre à sa vérité ; du moins celle d’une créatrice qui croit son œuvre assez forte pour lui livrer des clés sur son essence comme sur son existence. Même si la connaissance à laquelle elle aspirait nous est largement inaccessible, ses visions déploient un rayonnement qui confine à l’universel.
Au-delà du magnétisme souverain qui émane de cet ensemble d’oeuvres montré pour la toute première fois en Occident, cette exposition nous confronte à la question consubstantielle à l’art brut : existe t-il un art qui ne soit ni culturel, ni cultuel ? Mme Guo n’y répond pas, mais nous offre sa grâce.
Après avoir été acclamée lors d’Art Basel en 2009, au Museum of Everything (Londres) puis à la Pinacoteca
Agnelli (Turin) en 2010, et alors que Lausanne s’apprête à lui consacrer une rétrospective, cette future «classique» de l’art brut fait escale à Paris.
À l’aube de ses 40 ans, Guo Fengyi vie sa spiritualité à travers les voies du qi gong. Elle réinterprète les croyances populaires chinoises dans des dessins réalisés à l’encre et au pinceau. Sur des rouleaux de papier de riz, pouvant atteindre 10 mètres de long se déploient des entités relevant tantôt du panthéon, tantôt du pandémonium, qui semblent flotter dans un vide spatio-temporel. Ces rouleaux hérétiques ont notamment été exposés lors de la 55e Biennale de Venise curatoriée par Massimiliano Gioni et, en 2023, à l’occasion de l’exposition Chrysalide : le rêve du papillon au Centre d’Art Contemporain Genève.
Préface : Rong Zheng
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Guo Fengyi : une rhapsodie chinoise, du 10 décembre 2010 au 15 janvier 2011.