pietro ghizzardi
charbons ardents
Rien, absolument rien, ne prédisposait Pietro Ghizzardi, né en 1906 dans une famille paysanne de la région de Mantoue, à devenir l’un des créateurs les plus emblématiques de l’art brut italien. Et ce, bien qu’il fut longtemps - à l’instar d’une Séraphine - enrôlé abusivement parmi les naïfs.
Sa vie fut d’abord rythmée par les travaux des champs, entre un père disparu trop tôt, une mère castratrice et un frère prompt à contrarier ses pulsions créatrices. A partir de 1950, il se retrouve seul avec sa mère, sans terre à exploiter, et assurant désormais leur subsistance grâce à de menus travaux. Ce déclin social coïncide avec l’apogée de son art.
Sur des cartons de récupération, avec la suie de sa cheminée et des pigments qu’il fabrique à partir des plantes et des minéraux à sa portée, parfois même des visages découpés dans la presse, Ghizzardi convoque un panthéon populaire essentiellement féminin. Les actrices de cinéma et princesses de magazine sont arrachées à leur condition de papier glacé pour être réincarnées en déesses-mères, en vénus opulentes, dans une célébration de la féminité fétichisée et mélancolique.
Les chairs mordorées parcourues de marbrures fuligineuses, les cambrures et les torsions des corps, les regards gagnés par la fièvre, les sourires au bord de la morsure, tout cet érotisme souverain ne semble être pour Ghizzardi qu’une manière de retrouver une femme originelle mais uchronique, essentielle mais transgressive.
Les oeuvres présentées couvrent la période de 1958 à 1972.
Le cabinet de curiosités de la galerie sera consacré à Marco Berlanda, créateur italien né en 1932.
Pietro Ghizzardi, attaché à la terre, aux valeurs paysannes, dessine, peint, sculpte, raconte des histoires, chante, joue de l’harmonica. Les figures qu’il représente, à l’expressivité unique, sont pétries de cette culture ancestrale à laquelle Pietro se cramponne à l’heure où domine la rentabilité du rapport temps-production. Né en 1906 dans la province de Mantoue (Italie), issu d’une famille de fermiers, Pietro vit dans la pauvreté. Ses parents, journaliers, sont contraints à de constants déménagements, ce qui, ajouté à la santé fragile de Pietro durant l’enfance, conduit celui-ci à suivre une scolarité irrégulière. Ce n’est qu’en 1931 que les Ghizzardi se sédentarisent à Boretto. La[…]
Préface : Dino Menozzi
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Pietro Ghizzardi : charbons ardents, du 14 octobre au 19 novembre 2011.