Pietro Ghizzardi
Pietro Ghizzardi, attaché à la terre, aux valeurs paysannes, dessine, peint, sculpte, raconte des histoires, chante, joue de l’harmonica. Les figures qu’il représente, à l’expressivité unique, sont pétries de cette culture ancestrale à laquelle Pietro se cramponne à l’heure où domine la rentabilité du rapport temps-production.
Né en 1906 dans la province de Mantoue (Italie), issu d’une famille de fermiers, Pietro vit dans la pauvreté. Ses parents, journaliers, sont contraints à de constants déménagements, ce qui, ajouté à la santé fragile de Pietro durant l’enfance, conduit celui-ci à suivre une scolarité irrégulière. Ce n’est qu’en 1931 que les Ghizzardi se sédentarisent à Boretto. La grande crue du fleuve Pô, 20 ans plus tard, marque un tournant dans la vie de Pietro qui le décide à se dédier pleinement à la peinture et a rédiger son autobiographie.
Le récit de sa vie est d’une grande inventivité, Pietro y revisite orthographe et synaxe -il écrit par exemple son propre nom « Ghissardi »- et fait fit de la ponctuation. De même, c’est avec des matériaux singuliers qu’il réalise sa production plastique. : cartons de récupération -parfois peints sur les deux côtés-, herbes, vin, sang, jus de mûre, briques, suie, etc…
Il figure des portraits de parents proches, de saints, d’animaux sauvages et de femmes aussi. Celles-ci, de préférence bien en chaire, véritables déesses de la fécondité, sont sillonnées par des réseaux de cernes qui marquent les volumes et les inscrit dans une mobilité véhémente, dansante. Le trait, brut, primitif de Pietro confère à ces créations une authenticité rare.
Pietro Ghizzardi meurt en 1986, après avoir connu la reconnaissance du milieu artistique italien pendant les quinze dernières années de sa vie, et un grand nombre d’études ont été consacrées à son œuvre.
Préface : Dino Menozzi
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Pietro Ghizzardi : charbons ardents, du 14 octobre au 19 novembre 2011.