Marcello Cammi

Marcello Cammi, curieux personnage de Bordighera (Italie), a sculpté et peint le long du rio Sasso pendant la majeure partie de sa vie. Fils de maçon, il a naturellement fait du ciment sa matière de prédilection, et commença par tirer des citernes de cette « matière-ciment » plastique et peu onéreuse. L’espace public (son lieu d’expression privilégié) lui ayant été par trop hostile en les personnes des élus municipaux, c’est son espace de vie qu’il préféra orner de fresques, sculptures et passerelles, pourtant emportées par le rio Sasso lors de ses crues. Avec énergie et jusqu’à sa mort, Cammi remettait son interminable ouvrage sur le métier - “Il faut imaginer Sisyphe heureux”. Après la mort de sa veuve Vittorina, le jardin des Cammi devient la proie du “vautour” Sasso, qui charrie son contenu, œuvre par œuvre, jusqu’à son embouchure pendant quarante ans. L’estocade, portée en 2006, a fait des quelques œuvres restantes - et tout particulièrement de ses “vrais” cafés, rappelant
les encres trompeuses de Victor Hugo - de touchantes raretés.