john devlin
nova cantabrigiensis
Lorsque John Devlin - né en 1954 à Halifax, en Nouvelle Écosse (Canada) - part étudier la théologie à Cambridge, il se destine à la prêtrise. Les épisodes psychotiques qu’il connaît alors le détourneront à jamais de sa vocation et, en le renvoyant chez lui, l’éloigneront également de son paradis perdu.
Dix années durant, il travaillera sans relâche à sa Nova Cantabrigiensis, soit une Cambridge idéalisée, utopique, à la fois projection symbolique et protocole curatif. Ce grand œuvre - composé de quelques 300 dessins - établit les bases de ce projet de construction sur un mode itératif et extrêmement codifié.
La Cambridge bordée d’eau de Devlin semble opérer une fusion entre les architectures symboliques d’un Rizzoli, pour leur incarnation, les conceptions d’un Boullée, pour la philosophie qu’elles exhalent, et les visions d’un Fourier, pour leur quête d’harmonie. Néanmoins, la séquence, qui échappe totalement au spectaculaire caractérisant ces édifices, privilégie un mode plus intime, introspectif même. Son auteur n’y déploie aucune ambition stylistique démesurée, aucun faste écrasant, mais s’attache plutôt à former un ensemble propitiatoire dont chaque élément paraît receler un secret inviolable.
L’insularité du site faisant écho à celle, existentielle, de Devlin. Cette Nova Cantabrigiensis devient alors le havre d’un monachisme très personnel qui agit sur l’auteur tel un mantra graphique, un ascenseur spirituel. Comme l’écrit Sandra Adam-Couralet, « Devlin nous livre une fiction qui se reconnaît elle-même comme telle, devenue le pouvoir de représentation de son propre récit. »
Lorsque John Devlin quitte le Canada pour étudier la théologie à Cambridge il n’a que 25 ans et se destine alors à la prêtrise. En adoration devant Cambridge il doit cependant rentrer et abandonner ses rêves ecclésiastiques en raison de troubles psychotiques. Il consacre alors sa vie à concevoir des plans de sa propre Nova Cantabrigiensis, soit une Cambridge idéalisée qui devient à la fois une projection symbolique et un protocole curatif. Après que son grand oeuvre - élaboré dans le secret - fut découvert à la fin des années 1980, il a fait l’objet de nombreuses expositions et publications dont, en 2019, les Rencontres de la Photographie d’Arles pour l’exposition iconique Photo Brut.
Préface : Sandra Adam-Couralet
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition John Devlin : nova cantabrigiensis, du 16 avril au 25 mai 2013.
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