John Devlin
Lorsque John Devlin quitte le Canada pour étudier la théologie à Cambridge il n’a que 25 ans et se destine alors à la prêtrise. En adoration devant Cambridge il doit cependant rentrer et abandonner ses rêves ecclésiastiques en raison de troubles psychotiques. Il consacre alors sa vie à concevoir des plans de sa propre Nova Cantabrigiensis, soit une Cambridge idéalisée qui devient à la fois une projection symbolique et un protocole curatif. Après que son grand oeuvre - élaboré dans le secret - fut découvert à la fin des années 1980, il a fait l’objet de nombreuses expositions et publications dont, en 2019, les Rencontres de la Photographie d’Arles pour l’exposition iconique Photo Brut.
John Devlin est né en 1954 à Halifax, capitale de la province canadienne de la Nouvelle-Ecosse. À 25 ans, il part étudier la théologie au Collège St-Edmond, de l’Université de Cambridge. C’est là qu’il est atteint d’une grave dépression, première d’une série d’épisodes psychotiques, qui l’oblige à retourner dans sa ville natale pour y être hospitalisé. Pendant sa longue convalescence, il est obsédé par l’idée de retrouver l’essence même de Cambridge qu’il considère comme la ville idéale.
Il consacre alors les 10 années suivantes à produire des centaines de dessins, études et autres plans d’une ville imaginaire et utopique, baptisée Nova Cantabrigiensis, qu’il situe sur une île au cœur du bassin des Mines en Nouvelle Ecosse.
Ses esquisses réinventent les bâtiments et les jardins ornementaux de la ville médiévale qui devait le mener à la prêtrise. Toutes sont codées par des symboles, des formules que lui seul comprend. « Ma théorie, dit-il, c’est que pour un design idéal, il y a un ratio idéal. J’ai recherché une telle constante. J’étais dans une quête faustienne pour découvrir les arcanes de l’ambiance magique de Cambridge. Je pensais que si je pouvais capturer cette ambiance, je n’aurais pas à aller en Angleterre. Je pensais que je trouverais le moyen de sortir de la maladie mentale en revivant les moments heureux vécus à Cambridge… Avant que les choses s’effondrent en moi. » John Devlin est notamment obsédé par le ratio 3:7, rapport entre le nombre de voyelles et de consonnes dans « Jésu Christ ». Il ira jusqu’à se l’inscrire sur ses ongles des pieds.
Après être resté chez ses parents, reclus, de nombreuses années, John a rejoint une maison communautaire en 1989 à Dartmouth où il vit toujours.
Préface : Raphaël Koenig
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition In abstracto, du 8 juin au 15 juillet 2017.