évasion
Les transports de l’art brut
«L’œuvre consacre l’échec de toute théorie», affirmait Klee. L’art brut - n’ayant nul besoin de béquilles théoriques pour marcher d’un pas leste - en serait la parfaite illustration. Jaillissement de profondeurs insondées, bourgeonnement de mécanismes intimes dont le sens souvent se dérobe, l’art brut reste une invitation au voyage immobile. Semblable à celui qu’effectuent ses auteurs, du fond de leur exil intérieur, qu’il soit volontaire ou subi.
Est-ce pour cette raison que ces créateurs de l’ailleurs se rêvent ailleurs au point que leurs productions comportent si fréquemment des moyens de transport ? Est-ce la transposition allégorique d’un état ou l’expression d’un vœu de reclus ? Et de quel transport s’agit-il ? Qui peut le dire ?
Klee nous met sur la piste : lorsque vous entendez “théorie”, pensez “enfermement” et répondez par l’évasion. Delaunay, Helmut, Ploos van Amstel, Raugei, Roberston, Robillard, Talpazan, Théâte ou Wertheimer nous ouvrent la voie.