Michel Nedjar
Crossroads
Alors que Michel Nedjar était déjà, depuis bientôt 40 ans, l’une des figures internationales les plus reconnues dans le champ de l’art brut, l’année 2017 sera à n’en pas douter celle de la consécration, autant que de la clarification.
D’emblée adulé par Dubuffet et adoubé par Cardinal, la liste des expositions et des publications qui lui ont été consacrées à travers le monde depuis les années 1980 est considérable.
Présent dans d’innombrables collections, tant publiques que privées – 20 nouvelles œuvres viennent d’ailleurs de rejoindre les collections de Pompidou – les événements qui lui sont consacrés durant l’année vont finir de souligner l’importance et la diversité de son travail. Et rappeler que son œuvre ne saurait être enfermé, voire réduit, à la production brute des origines.
Un œuvre qui, en même temps qu’il est passé de l’ombre à la lumière, se révéla susceptible d’évolutions, de révolutions même : les viscérales poupées mémorielles des débuts ont été rejointes, avec le temps, par celles - chargées de promesses nouvelles - de la série des « paquets d’objets arrêtés » ; ses emblématiques pastels, totémiques et charnels, sont aujourd’hui côtoyés par les « Galatas », ensemble d’autoportraits géométriques où s’affirme symboliquement le débit culturel et originel de l’orient et de l’occident. Et ce, sans compter avec les plus récents « coudrages » et autres « agrafages» qui illustrent à merveille la manière dont Michel Nedjar, tel un glaneur, recompose une identité fragmentée.
Tandis qu’à travers l’hommage que lui rendent le LaM et le Musée national d’art moderne l’on découvrira également un Nedjar cinéaste expérimental. Ainsi, peu à peu, se dessine le portrait d’un immense artiste protéiforme à la croisée des chemins qui, dans l’exercice salvateur de la création, n’a cessé d’incarner une absolue liberté. Et ce faisant, rétif à tout label, a mis en péril tous les dogmes.
Mardi 4 avril à 19h30 : projection de poupées des ténèbres documentaire sur Michel Medjar (63’) réalisé par Allen S. Weiss.
Il est l’artiste brut vivant le plus exposé et publié, pourtant la trajectoire extraordinaire de ce français pose une question rarement abordée : celle de l’impermanence de l’art brut. Découvert par Jean Dubuffet alors qu’il travaille sur la résurgence du corps symbolique, il s’autorise à devenir l’artiste protéiforme que l’on connaît. Dès lors, sa création incarne une absolue liberté. Présent dans d’innombrables collections, il est le premier artiste brut à être entré dans celles du Musée national d’Art moderne (Pompidou). Michel Nedjar s’est vu consacrer neuf expositions monographiques.
Préface : Philippe Godin
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Michel Nedjar : crossroads, du 16 mars au 22 avril 2017.