Franco Bellucci
beau comme… #2
5 ans après sa première exposition consacrée à Franco Bellucci, la galerie présente beau comme… #2, nouvelle monographie mettant à l’honneur l’artiste récemment disparu. Frappé d’un important retard de développement psychique, privé de la capacité de parole, Franco Bellucci assemblait inlassablement des objets divers glanés lors de balades quotidiennes. Ce rituel contribuait peu à peu à atténuer sa rage et canaliser sa force en un mouvement créatif qui fait de lui une figure majeure de l’art brut italien, exposé notamment à la Maison Rouge et au Palais de Tokyo, à Paris et à Galila’s P.O.C et au Trinkhall Museum, en Belgique.
Chez Franco Bellucci, si l’idée de reconstruction, voire de réparation chère à Kader Attia s’impose en premier lieu, elle ne peut suffire dès lors que l’on connaît le processus d’élaboration de ses oeuvres. En effet, comment ne pas être saisi par le rituel immuable de Bellucci, tenant serrés contre son ventre les objets qu’il lie, tord, malaxe, meurtrit et recompose.
Si l’on considère un instant que le ventre est perçu par certaines philosophies orientales et grecques comme le siège de l’âme ou, à tout le moins, de l’epithumia, - le désir, l’envie - on conçoit quelle énergie vitale primordiale pourrait animer ces créations. Si, en outre, cette opération se trouve orpheline de tout discours, de toute parole, mais qu’elle s’effectue au rythme de la scansion gutturale, du souffle rauque de Bellucci, l’on ne peut s’empêcher d’invoquer le parallèle avec certains rituels chamaniques.
Contrairement à Judith Scott, tisseuse arachnéenne de cocons destinés à cacher les objets, ou Pascal Tassini, explorant les possibilités proliférantes des nœuds, Franco Bellucci révèle, sublime et ressuscite. En fabriquant des chimères, il métaphorise sa lutte contre la fragmentation tout en conférant à ses objets un pouvoir absolu de recréation. « Beau comme la rencontre fortuite, sur une table de dissection, d’une machine à coudre et d’un parapluie. » (Comte de Lautréamont, Les Chants de Maldoror).
Bellucci fréquente l’atelier Blu Cammello à Livourne où il a été découvert par l’artiste Riccardo Bargellini. Les sculptures hybrides qu’il produit
sont constituées d’objets hétéroclites dont les destins sont inexorablement liés, observées par le prisme de leur valeur transitionnelle, fétichiste
ou apotropaïque.
Présent dans les collections du Musée national d’Art moderne (Pompidou) et du Museum für Moderne Kunst de Francfort, ses œuvres ont été présentées dans plusieurs grandes expositions, notamment au Palais de Tokyo à Paris.
”Ces œuvres sont douées d’une puissance symbolique que bien des artistes ‘professionnels’ sont incapables d’atteindre.” (P. Dagen, Le Monde)
Préface : Gustavo Giacosa
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Franco Bellucci : beau comme…, du 17 octobre au 28 novembre 2015.