Philipp Schopke
Les dessins de Schöpke marquent par la brutalité de leur trait. Personnages aux membres disproportionnés, au visage excessivement expressif, sans fard ni manière, on est face à l’être, dénudé. Rencontre troublante.
Né en 1921 en Basse-Autriche, la scolarité de Philipp est brève puisque, après avoir redoublé plusieurs fois, il quitte l’école au bout de quatre ans. Il travaille alors en tant que manœuvre et, à vingt ans, intègre l’armée allemande. Là aussi, son séjour est court : au bout de quelques semaines, il est licencié car, selon le médecin militaire, il n’est « même pas capable de lacer ses souliers ». Inapte au service, il est placé en clinique psychiatrique ; il en sort en 1944 et travaille quelques temps dans une fonderie et sur des chantiers avant d’être définitivement interné en 1956. C’est durant des phases d’excitation que Philipp dessine ses personnages -souvent humains, parfois des animaux- auxquels il confère une singulière transparence, laissant parfaitement visible leurs organes intérieurs. Léo Navratil précise que Schöpke « ne veut nullement choquer avec ses dessins, […] il entend au contraire créer quelque chose de très beau » et, effectivement, la beauté, crue, épurée, est au rendez-vous. Plusieurs articles sont consacrés à cette œuvre majeure qui figure désormais dans d’importantes collections d’art brut.
Préface : Stéphane Corréard
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Soit 10 ans : états intérieurs, du 12 septembre au 10 octobre 2015.