harald stoffers
liebe mutti / chère maman
Depuis 1999, à Hambourg, Harald Stoffers écrit à sa “chère maman” des lettres composées comme des partitions, parfois savamment déchirées en bandes formant à leur tour une lettre à part entière. Au-delà de la banalité du propos, cette correspondance pose plus d’une question : à qui s’adresse-t-on lorsque l’on crée ? Le destinataire habite-t-il à l’adresse indiquée ?
« Le déficit sémantique a pour contrepartie un retour en force de l’énergie graphique, une opacification de l’expression, une activation de la substance des signes, une distorsion de la configuration manuscrite. (…) Cependant, ce que les missives de Harald Stoffers dessinent, dans l’intervalle du lisible et du visible, c’est l’objet du siècle, de notre XXI<supe siècle, l’objet perdu – du moins fallait-il perdre l’espoir de le retrouver à volonté. » (Michel Thévoz)
Le film que Youssef Tabti lui consacre connaîtra au même moment les honneurs de La Force de l’art, au Grand Palais.
Un tel ensemble des lettres de Stoffers est proposé pour la première fois au monde.
Il y a plus de vingt ans, Harald Stoffers commence un échange épistolaire, fictif, avec sa mère dans lequel toutes ses lettres commencent par «Liebe Mutti». Interné très jeune, c’est à l’hôpital qu’il s’initie à cet exercice, et distribue d’abord de courts billets déchirés aux autres patients. Plus tard, les lettres de Stoffers se densifient, tandis qu’elles atteignent parfois plusieurs mètres de long. Présenté dans un film de Youssef Tabti au Grand Palais en 2009, son œuvre a été montrée dans des institutions telles que le Mona (Australie), la Hamburger Bahnof et la Pinacothèque Agnelli (Turin), Galerie der Villa (Hambourg), l’Oliva Creative Factory (Portugal), le Dox Art Center (Prague) ou la Maison rouge (Paris). En 2021, il intègre les collections du MNAM (France).
Préface : Michel Thévoz
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Harald Stoffers : liebe mutti, du 24 avril au 11 juin 2009.