Harald Stoffers
Il y a plus de vingt ans, Harald Stoffers commence un échange épistolaire, fictif, avec sa mère dans lequel toutes ses lettres commencent par «Liebe Mutti». Interné très jeune, c’est à l’hôpital qu’il s’initie à cet exercice, et distribue d’abord de courts billets déchirés aux autres patients. Plus tard, les lettres de Stoffers se densifient, tandis qu’elles atteignent parfois plusieurs mètres de long. Présenté dans un film de Youssef Tabti au Grand Palais en 2009, son œuvre a été montrée dans des institutions telles que le Mona (Australie), la Hamburger Bahnof et la Pinacothèque Agnelli (Turin), Galerie der Villa (Hambourg), l’Oliva Creative Factory (Portugal), le Dox Art Center (Prague) ou la Maison rouge (Paris). En 2021, il intègre les collections du MNAM (France).
Entre écriture, partition musicale et composition graphique, les lettres d’Harald Stoffers, par leur rare intensité, invitent tant à la lecture qu’à la contemplation fascinée.
Né à Hambourg en 1961, Harald entre à l’institut psychiatrique pour adultes à l’âge de 22 ans où il commence à écrire un seul, parfois plusieurs mots sur de petits morceaux de papier qu’il distribue autour de lui. Par la suite, ces courts messages évoluent en de plus longues lettres adressées à sa « chère maman ».
L’écriture se pose alors sur des lignes tracées comme des portées de musique, induisant rythme et musicalité. Parfois Harald déchire savamment ses messages en fines bandes formant à leur tour une lettre qu’il nous appartient de recomposer.
Cet oeuvre dense et dansant, auquel Youssef Tabti a consacré un film à l’occasion de La Force de l’Art 02 (Grand Palais, 2009), a été exposé par le Museum of Everyting à la Pinacoteca Agnelli (Turin) cette même année puis en 2012, à la Chalet Society, Exhibition #1 à Paris. En 2014, Harald Stoffers a été exposé par la galerie christian berst art brut à Paris dans la cadre de l’exposition art brut, masterpieces et découvertes, carte blanche à Bruno Decharme, mais aussi lors de l’exposition inaugurale de sa galerie new yorkaise, Do the Write Thing, Reed Between the Lines, et enfin successivement à la Maison rouge dans la présentation de la collection d’Antoine de Galbert puis celle de Bruno Decharme.
L’intérêt pour ses lettres a désormais largement dépassé le seul milieu de l’art brut.
Préface : Michel Thévoz
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Harald Stoffers : liebe mutti, du 24 avril au 11 juin 2009.