Hassan
D’origine sénégalaise, Hassan (Ousseynou Gassama) a élu domicile dans le quartier des entrepôts de vin du port de Barcelone. Secret, parlant peu voire pas du tout, il vit dans la rue à l’écart des autres et semble avoir une trentaine d’années. Au dire d’un « ami », il viendrait d’un petit village et aurait une fille. Dès qu’il a un peu d’argent, il s’achète des piles pour son poste de radio et écoute de la musique.
Il dessine sur des planches de caisses de vin, qu’il retaille à la scie et au cutter, des maisons à toit plat, du mobilier fonctionnel d’inspiration géométrique. Il travaille avec minutie, réfléchit longuement, positionne précisément ses instruments avant d’effectuer un tracé.
En guise de signature, il se sert de pièces de cuivre qu’il inclut dans le bois, poinçonne et polit. Il conserve dans une valise attachée près de lui ses outils, ses crayons et ses plaques de bois. Il a vendu quatre-vingts pièces à un collectionneur rencontré en 2010. Lorsque celui-ci lui a dit qu’il allait montrer son travail en France, Hassan a répondu d’un geste de la main semblant signifier : « chacun sa route, laisse-moi ».
Préface : Matali Crasset
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Hétérotopies : architectures habitées, du 9 décembre 2017 au 20 janvier 2018.