Johann Hauser
Né à Bratislava en 1926, Johann Hauser est rapidement dirigé dans une école spécialisée dont il ne dépasse pas la seconde année. Considéré comme « faible d’esprit », il entre à 17 ans à l’hôpital psychiatrique de Mauer-Ohling pour être transféré, cinq ans plus tard, à Gugging. Là, le Dr Navratil l’encourage à dessiner : il n’en faut pas plus à Johann pour plonger littéralement dans le creux de la création. Puisant son inspiration dans les magazines illustrés, Johann malaxe l’image, la transfigure jusqu’à en extraire son jus propre, sa patte d’artiste on ne peut plus inimitable. Les femmes qu’il représente, agressives et dépouillées, ont leurs attributs sexuels outrageusement exhibés tandis que leurs poils et cheveux envahissent l’image, recouvrant parfois tout l’espace de la feuille, immergeant le regardeur dans une jungle capillaire.
Mais Johann donne également dans l’épure : un carré vide lui suffit parfois; un nuage, quelques gouttes de pluie font œuvre. Enfin, avions, bateaux, voitures, obus et animaux –notamment des serpents– participent de cet univers fantasmé et fantasmagorique laissant peut-être par là une place métamorphosée au masculin. Les feuilles que Johann utilise portent la trace de la fougue créatrice qui l’anime : le papier est gaufré par le passage du crayon, relief qui, retraçant la genèse de l’œuvre, en redouble la puissance.
Hauser qui rêvait d’être gendarme et d’épouser une tyrolienne est devenu un classique de la Maison des Artistes de Gugging et sa création figure parmi les plus grandes collections d’art brut au monde, dont celle, historique, de Lausanne.
Préface : Raphaël Koenig.
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition In abstracto #2, du 5 mars au 30 mai 2020.