In the flesh
corps véritables
Le corps est à la fois un véhicule, une enveloppe, et une surface sensible qui établit notre rapport au monde. De tous temps, l’homme s’est représenté tantôt en interaction avec son environnement, tantôt seul, dans la simple délectation de son incarnation.
Mais très vite, une part importante de cette production artistique – et que l’on pourrait qualifier de cultuelle - a en quelque sorte divinisé ce corps. Soudain, il n’était plus question d’imiter la nature, mais de révéler ce qui la dépasse, ou nous dépasse.
L’art brut n’a pas échappé à ce spectacle des passions qui s’animent dans les corps. Au premier rang desquelles, celles de l’Eros et du Thanatos. Cependant, alors que dans l’art moderne l’audace consistait à repousser les limites formelles de l’anatomie, les artistes bruts dotent les corps de fonctions plus essentielles : intercéder auprès de nous, lever le voile sur les troubles qui les hantent, livrer leur part d’humanité sous l’aspect d’une charade. C’est l’âme transfigurée dans sa chair, dans sa vérité. D’ailleurs, ne dit-on pas, en anglais, pour évoquer les choses que l’on voit « en vrai » qu’elles sont présentées « in the flesh », c’est-à-dire dans leur chair ?