Anna Zemánková :
hortus deliciarum #2
Anna Zemánková est une figure déjà consacrée de l’art brut, au point qu’elle fut honorée en 2013 lors de la 55e biennale de Venise avant qu’un ensemble important de ses œuvres ne rejoigne les collections du Centre Pompidou. C’est dès le début des années 60 que cette humble Moravienne se mit à produire un œuvre auquel sa condition ne l’avait pas préparée et qui répondait de façon saisissante à des injonctions venues des tréfonds. Ainsi, à l’heure où les démons de la nuit le disputaient encore aux irisations séminales de l’aube, elle cueillait en pensée des fleurs étranges avant de les faire saillir du papier. « Je fais pousser des fleurs qui ne poussent nulle part ailleurs » disait-elle.
Deuxième volet d’une monographie présentée en 2013, hortus deliciarum #2 réunit une série de productions aux détails saisissants, fleurs et fruits charnus, emplis de sucs entêtants, gorgés de la pulsion d’une femme qui, s’en remettant au mystère non élucidé, dit simplement “je vis”.
Anna Zemánková (1908-1986) est une figure déjà consacrée de l’art brut, au point qu’elle fut honorée en 2013 lors de la 55e biennale de Venise. Cette humble Moravienne se mit à produire, dès le début des années 60, un œuvre auquel sa condition ne l’avait pas préparée et qui répondait de façon saisissante à des injonctions venues des tréfonds. Ainsi, à l’heure où les démons de la nuit le disputaient encore aux irisations séminales de l’aube, elle cueillait en pensée des fleurs étranges avant de les faire saillir du papier. Les recousant, les surbrodant, les retaillant, les gaufrant. Allant parfois jusqu’à les suturer de gallons et de rubans de satin adventifs, lorsqu’elle n’en constellait pas les ciels de milliers de trous d’aiguilles.
Toute une magie blanche au service d’un hortus deliciarum dont elle pensait peut être tirer des onguents, des baumes et des philtres afin de soigner sa dépression et laisser flotter son être. Tandis qu’elle était amputée de ses jambes et condamnée à la silencieuse contemplation du jour qui se lève, cette germination croissait lentement en elle. « Je fais pousser des fleurs qui ne poussent nulle part ailleurs » avait-elle coutume de dire.
Mais cette végétation sans racines ni humus, ces floraisons tantôt mentales, tantôt organiques, de quel herbier des abysses sourdent-elles ? À quel règne appartiennent-elles ? De quelle classification relèvent-elles ? D’ailleurs, à l’instar de la production de Séraphine de Senlis, s’agit-il encore de fleurs ? Ne sont-ce pas déjà des fruits ? Charnus, emplis de sucs entêtants, gorgés de la pulsion d’une femme qui, s’en remettant au mystère non élucidé, dit simplement « je vis ». La plupart des œuvres que nous avons le plaisir de présenter sont dévoilées pour la première fois et figurent parmi les plus remarquables de sa création.
C’est dès le début des années 60 que cette humble Moravienne se mit à produire un œuvre auquel sa condition ne l’avait pas préparée, répondant de façon saisissante à des injonctions venues des tréfonds. Ainsi, à l’heure où les démons de la nuit se disputaient encore les irisations séminales de l’aube, elle cueillait en pensée des fleurs étranges pour les faire saillir du papier. Anna Zemánková est une figure déjà consacrée de l’art brut, au point qu’elle fut honorée en 2013 à la Biennale de Venise avant qu’un ensemble important de ses œuvres rejoigne les collections du Centre Pompidou, puis les collections du Boston Museum of Fine Arts en 2020. En 2024, ses œuvres sont présentées pour la seconde fois à la Biennale de Venise sous le commissariat d’Adriano Pedrosa.
Textes : Terezie Zemánková et Manuel Anceau
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Anna Zemánková: hortus deliciarum #2, du 17 juin au 18 juillet 2021.
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