Lindsay Caldicott
Radiographe de profession, c’est durant son internement psychiatrique que Lindsay Caldicott s’est mise à produire ses collages faits d’une myriade de fragments dupliqués, ouvragés au scalpel et assemblés avec une précision toute chirurgicale. Son univers fractal est d’une harmonie chromatique s’étendant des gris aux sanguines et des nuances mordorées à la couleur chair. Présenté pour la première fois en 2018 par la galerie, alors que l’artiste s’est éteinte quatre ans plus tôt, son oeuvre - saluée d’emblée par la critique - fait aujourd’hui partie du musée français de la photographie, des collections de la Fondation Francès, abcd/Bruno Decharme (France) et Amr Shaker (Suisse), entre autres.
Lindsay Caldicott, née à Leicester en 1954, se forma au métier de technicienne en radiographie thérapeutique dès l’âge de 16 ans. Après un séjour en Israël, elle travailla au service de radiographie d’un hôpital hollandais de 1978 à 1983, puis de nouveau de 1988 à 1990, à Amsterdam, après une trêve durant laquelle elle étudia avec brio les beaux-arts au Middlesex Polytechnic à Londres.
Ayant été abusée dans son enfance, elle souffrait de problèmes psychiques sérieux, qu’elle parvint à gérer jusqu’à une crise plus grave en 1990, qui la contraint à quitter son emploi en Hollande et à rentrer à Leicester, à l’âge de 34 ans. Elle passa l’essentiel des 24 ans suivants en hôpital psychiatrique, jusqu’à son suicide en 2014. Elle fut diagnostiquée comme maniaco-dépressive et comme schizophrène, atteinte d’un trouble de la personnalité multiple (trouble dissociatif de l’identité) et de troubles obsessionnels compulsifs.
C’est durant son internement que cette personnalité fragmentée rassemble les sédiments de son passé pour en faire son grand œuvre. Cherchant à faire naître à partir des moindres scories de son existence un ordre supérieur, ou simplement l’apaisement. Ordonnés en ensembles géométriques traversés d’accidents, de formes s’enchevêtrant et se réitérant obsessivement, ses collages sont principalement faits d’une myriade de fragments de radiographies, ouvragés au scalpel et assemblés avec une précision toute chirurgicale. L’univers fractal de Lindsay Caldicott est d’une harmonie chromatique rarement démentie, s’étendant des gris aux sanguines et des nuances mordorées à la couleur chair constituant manifestement la prima materia de l’artiste. Certaines fois, ce sont des détails architecturaux ou des éléments géométriques qui viennent contribuer à ce vertige de formes.
Préface : Marc Lenot
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Lindsay Caldicott: x ray memories, du 13 octobre au 24 novembre 2018.