James Edward Deeds
Derrière l’œuvre de James Edward Deeds, né en 1908 à Springfield dans le Missouri, se cache l’histoire tragique d’un jeune homme interné de force à l’âge de 25 ans, sur décision d’un père excessivement autoritaire.
Deeds a passé toute sa vie dans un asile psychiatrique, subissant des traitements aux électrochocs, sans anesthésie, jusqu’à 2 fois par semaine.
Ses dessins au crayon et crayon de couleur, aux traits méticuleux, réalisés dans un style désuet sur des feuilles de petit format portant l’en-tête de l’hôpital, illustrent des personnages, des références à la guerre civile, des automobiles et des paysages urbains en milieu rural, un monde imaginaire – celui dans lequel il échappait à la réalité de sa vie brisée. Ses portraits, pourtant, affichent les stigmates de ses traitements aux psychotropes ; en témoignent leurs yeux écarquillés aux pupilles dilatées.
Les 140 planches recto verso connues d’Edward Deeds n’ont été attribuées à leur auteur que très récemment. Elles ont été trouvées dans une poubelle dans les années 70 par un garçon de 14 ans qui les a conservées pendant près de 40 ans avant de les céder. Comme le mot ECTLECTRC apparaissait sur plusieurs dessins, les nouveaux acquéreurs le baptisèrent “Electric Pencil”, jusqu’à ce qu’ils réalisent que ECT était l’acronyme de “electroconvulsive therapy” – thérapie par électrochocs. Il mourra en 1987.
Salué dès sa découverte par la presse américaine, dont Art in America et le New York Times, James Edward Deeds est désormais considéré comme un “classique” de l’art brut du XXe siècle : après la publication du catalogue raisonné, un documentaire de Neville Bean et Robert Vandeweghe - The Mystery of the Electric Pencil - retrace sa passionnante et tragique histoire tandis que la Collection de l’art brut, à Lausanne, lui consacre une rétrospective en 2013.
Préface : Philippe Piguet
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition james edward deeds : the electric pencil #2, du 9 septembre au 2 octobre 2022.