variations d’hiver
#1
La variation, dans la musique, réside dans la transformation d’un élément, repris sous différents aspects, mais toujours reconnaissable. L’art brut est ici l’élément que nous considérerons donc dans sa variété. Car, faut il le rappeler, l’art brut ne connaît ni limites formelles, ni historiques, ni géographiques, ni culturelles.
En revanche, il existe une constante, c’est le terreau d’altérité mentale ou sociale sur lequel poussent toutes ces œuvres. Cette extraordinaire diversité de modalités et de formes ayant la faculté d’atteindre nos propres altérités. Chaque variation devenant alors une clé capable d’ouvrir un verrou en chacun de nous : Luboš Plný avec ses anatomies poétiques et cathartiques. Joaquim Vicens Gironella et Pietro Ghizzardi, par les réminiscences romanes ou les chairs fuligineuses. Pascal Tassini, Yuichi Saito et Rudolf Limberger par leur manière de nouer et de dénouer. Raimundo Camilo et Zdenek Košek, l’un faux-monnayeur, l’autre vrai rédempteur. Josef Karl Räd ler et James Edward Deeds, en témoins extralucides des vicissitudes asilaires. Carlos Giraldo, Alexandro Garcia et Jesuys Crystiano en convocateurs de mondes inédits. La Inthonkaew et Michał Walczyk, la première à travers ses visions chamaniques, le second par ses portraits baroques. Enfin, la grande Zemánková, par le charme profond et surnaturel qui infuse dans ses compositions.