Malcolm Mc Kesson
Diplômé de Harvard, Malcolm Mc Kesson faisait partie de la haute société du New Jersey. Passionné d’art, il dessinait, secrètement, des personnages fantomatiques et érotiques. Ce n’est qu’après la mort de sa femme, en 1990, qu’il accepte de dévoiler sa production fétichiste. Si ses dessins sont ambigus, les titres donnés, aux références sadomasochistes, ne laissent que peu de place à l’imagination. Exposé récemment dans vestiges & verse : notes from the newfangled epic, au American Folk Art Museum de New York, il est présent dans de prestigieuses collections, telles que la collection Prinzhorn (Allemagne), Antoine de Galbert (France) ou encore Treger Saint Silvestre (Portugal).
Transgressive et libérée, née d’une pulsion exaltée, la force des œuvres de Mc Kesson nous invite à contempler, subjugués, une impression : l’inquiétante étrangeté. Donnant à voir une part de refoulé, c’est au cœur de notre familière terra incognita que ce créateur nous guide.
Drôle de parcours que celui de cet homme qui, la quarantaine venue, se retire du monde professionnel. Issu d’une famille New-Yorkaise plutôt aisée, diplômé d’Harvard, il travaille vingt ans durant dans l’entreprise chimique familiale jusqu’à ce que, avec le soutien de sa femme, la poète Madeline Mason, il décide de se consacrer pleinement à sa création. Dès lors, il n’a de cesse de noircir des feuilles de papier au stylo bille. Travaillant les formes comme s’il les sculptait, une multitude de traits confère progressivement volume et consistance à des créatures imaginaires, puis, par un jeu de clair-obscur, un être, une ombre se révèle, présence grave, tant pléthorique que fantomatique.
Mc Kesson explore par cet univers surréel une fantaisie sado-masochiste - alter ego plastique de la nouvelle qu’il écrit : Matriarchy : Freedom in Bondage. Un érotisme sensuel et violent transparaît à fleur de ces dessins, laissant pleinement palpable la dimension charnelle de ces personnages aux formes rondes. Au-delà, foncièrement androgynes, ces créatures interrogent la distinction entre les genres, brouillant de fait codes et conceptions socialement admises. Cette œuvre spectrale, lascive, fascinante, figure dans d’importantes collections d’art brut telles que la Collection de l’Art Brut (Lausanne) et The Museum of Everything (Londres).