Salon de la mort 2
commissaire Laurent Quénéhen
Pour sa première exposition de la saison 2021, the bridge by christian berst invite le commissaire d’exposition Laurent Quénéhen à imaginer une nouvelle itération de son Salon de la Mort, du 13 février au 14 mars 2021. Alors que les défis de notre époque et de notre environnement remettent la notion de mort au cœur de l’actualité, Laurent Quénéhen rassemble 44 artistes issus de différentes mouvances de l’art qui livrent leur propre vision de la mort, créant des grandes variations autour de Thanatos au sein d’un petit salon de curiosités.
« Dans nos pays occidentaux, on a mis la mort sous le tapis depuis longtemps, sans doute depuis la seconde guerre mondiale. Claustrés au fond de nos Ehpad, les anciens semblent disparaître comme des anges. Mais depuis un an la mort violente et subite, frappant au hasard, a refait surface dans nos vies de tous les jours. À chaque instant elle rôde pour nous rappeler qu’on ne badine pas avec elle. Afin de conjurer le Diable ou le mauvais sort, on l’invite à sa table, c’est le sens de ce salon de la mort, à l’instar des carnavals mortuaires qui se déroulent dans certains pays d’Amérique du Sud où représenter la mort, c’est lui faire face, c’est l’exorciser. Les artistes travaillent avec les pulsions de mort, il semblerait d’ailleurs que les premiers dessins des grottes préhistoriques étaient réalisés par des sortes de sorciers censés communiquer avec les esprits. Les artistes sont nos sorciers contemporains, ils révèlent le non-dit, fréquentent le mystère et hument l’avenir, ils sont les ponts entre l’inconnu et le connu, ils donnent accès à des sensations ancestrales, presque animales ; visiter une exposition, c’est appréhender de nouveaux territoires. Dans ce petit salon d’hiver se trouve une grande variété de travaux, c’est par la proximité des différences que l’union est stimulante. The bridge est l’espace idoine pour ce salon de la mort car le pont réunit deux rives et les sépare, il crée les liens. On ne peut pas comprendre la mort, on ne peut que lui rendre hommage et la conjurer : ” il faut aussi que la mort vive “*, pour que la vie reprenne. »
Laurent Quénéhen
*Antonin Artaud, in Artaud le Mômo, Aliénation et magie noire, Bordas, 1947
Artistes exposés:
Néel Beausonge, Nathalie Bibougou, Anibal Brizuela, Jorge Alberto Cadi, Nancy Caramello Cyneye, Marcos Carrasquer, Emilie Chaix, Dominique Chazy, Vincent Corpet, Ricardo Cunningham, Julie Dalmon, Odonchimeg Davaadorj, Ayako David-Kawauchi, José Manuel Egea, Cornelia Eichhorn, Frédéric Fontenoy, Maike Freess, Madge Gill, Cécile Hadj-Hassan, Helmut Hladisch, Maria Ibañez Lago, Sophie Lecomte, Frédéric Léglise, Tereza Lochmann, Malcolm McKesson, Ingrid Maillard, Sandra Martagex, Marine Médal, Marc Molk, Michel Nedjar, Simon Pasieka, Marilena Pelosi, Jean Perdrizet, Joël Person, Marine Pierrot Detry, Vincent Puren, Jeanne Rimbert, Patricia Salen, Cheyenne Schiavone, Yuichiro Ukaï, Anne Van Der Linden, Dominique Weill, Jola Zauscinska, Henriette Zéphir.
Texte : Laurent Quénéhen
Publié à l’occasion de l’exposition salon de la mort II, commissaire : Laurent Quénéhen, du 13 février au 19 mars 2021.
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