Emile Josome Hodinos
Joseph Ernest Ménétrier est né à Paris en 1853 de deux parents boulangers. A la mort de son père l’enfant de huit ans est placé en pension. Adolescent, il débute en 1869 un apprentissage à l’atelier Tasset, graveur officiel des médailles de la Troisième République. Il prend alors des cours de dessin et de modelage aux Beaux-Arts mais sept ans plus tard il doit mettre fin à toutes ses activités et est interné pour « excitation maniaque » à l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard où il demeura jusqu’à sa mort, en 1905.
C’est lors de son internement qu’il choisit de se faire appeler Emile Josome Hodinos, du grec hodinos ’fils de personne’. Après quelques années, il commence à dessiner à la mine de plomb et à l’encre de chine de minutieuses médailles où les détails sont aussi travaillés que les inscriptions manuscrites qui structurent ses medalia. Privé de ses outils de médailleur, Hodinos dessine au crayon sur des papiers d’emballage de biscuits et utilise des lanières de papier pour remplacer le compas.
La forme écrite et narrative est très présente dans le travail de Josome Hodinos qui lui donne un statut presque équivalent à celui d’un journal en encadrant ses médailles de contes personnels, relatant aussi bien son enfance que les conditions de vie à l’asile en passant par ses opinions artistiques et politiques. Cependant sa production littéraire s’étend au-delà de ses dessins puisque nous lui devons aussi la rédaction de deux manuels : un dictionnaire politique et L’Histoire des Etats européens de 1453 à 1789.
Découvert par Jean Dubuffet, Emile Josome Hodinos est aujourd’hui considéré comme l’un des classiques de l’art brut et fait partie de grandes collections dont celle de L’Art Brut de Lausanne.
Préface : Eric Dussert
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Do the write thing : read between the lines #2, du 26 avril au 2 juin 2018.