Raphaël Lonné
Artiste médiumnique, Lonné ne s’est mis à dessiner qu’en 1950, lors d’une séance de spiritisme. Découvert par Jean Dubuffet, une dizaine d’années plus tard, il est aujourd’hui considéré comme un classique de cette catégorie, toute particulière, de l’art brut : les artistes spirites. Raphaël Lonné a expérimenté diverses techniques, du graphite à l’encre, en passant par l’aquarelle, il dessine principalement des petits formats sur papier. Présent dans de nombreuses collections, comme celles de l’American Folk Art Museum (Etats-Unis), du LaM (France), du Centro de Arte Oliva (Portugal), il a notamment fait partie, en 2006, de l’exposition itinérante Inner Worlds Outside, aux côtés de Miro, Kandinsky ou encore Picabia.
Rien ne destinait Raphaël Lonné au dessin. Né dans les Landes en 1910 d’une famille de métayers, il arrête l’école à 12 ans pour travailler la terre. Par la suite, il est tour à tour receveur de tramway, concierge-chauffeur, homme de peine à l’hôpital des enfants, puis, après la guerre, facteur. S’il a toujours manifesté un intérêt pour la musique, il n’a jamais songé à être dessinateur.
Ce n’est qu’en 1950, lors d’une séance de spiritisme improvisée chez des amis qu’il effectue sa première production : muni d’un crayon et d’une feuille de papier dans le but de recevoir d’éventuels messages de l’au-delà « [il] est parti tout d’un coup, comme la foudre, à griffonner ». Aucune autre séance n’a lieu, mais Lonné, seul, continue de dessiner le soir se concentrant pour entrer en contact avec les esprits qui guident « le mouvement de [s]a main ». Ces impressionnantes créations spontanées, traversées de courbes et d’arabesques aux traits fins, d’une légèreté confinant à l’allégresse, laissent se profiler quelques formes, femmes, animaux, têtes de chiens, oiseaux… bien que Lonné lui-même ne sache mettre réellement de nom sur les caprices de son crayon.
Découvert par Jean Dubuffet en 1963, Lonné, qui fait pleinement partie de cette famille d’artistes chère aux passionnés d’art brut : les spirites, a toujours refusé de vendre ses œuvres faisant vœux de n’en pas tirer profit. Aujourd’hui, ces productions, devenues des classiques de l’art brut, sont amplement exposées et font l’objet de nombreuses publications.
Texte : Raphaël Koenig
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition in abstracto #3, du 9 février au 19 mars 2023.
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