Pépé Vignes
Cet artiste semble tout droit sorti du récit d’Hemingway Paris est une fête. Accordéoniste dans les bals musette, il travaille le reste du temps à l’usine. Dans les années 1960, alors qu’il s’est installé dans les Pyrénées, il commence à dessiner, aux crayons de couleurs, ses motifs récurrents : bateaux, voitures, poissons, coeurs, etc. Conservant ses dessins empilés chez lui, Joseph Vignes, est finalement découvert par le peintre Claude Massé qui lui consacre un article dans les Fascicules de l’Art Brut, en 1982. Son oeuvre figure désormais dans les collections du LaM (Lille), de l’Art Brut (Lausanne) ou encore du Musgrave Kinley Outsider Art Collection (Manchester).
Joseph Vignes, dit Pépé Vignes, est né le 20 novembre 1920 à Paris. C’est le deuxième d’une famille qui compte cinq enfants et dont le père est tonnelier. Il est successivement accordéoniste dans les bals populaires, chanteur, puis tonnelier, roulant sa bosse un peu partout, puis s’installe à Elne, dans les Pyrénées Orientales où il vécut jusqu’à sa mort.
En 1960, âgé de quarante ans, il commence à dessiner, pour s’amuser, avec des stylos bille et des crayons de couleurs. Ses thèmes favoris sont les fleurs, les bateaux, les poissons, les voitures, les avions, les trains, les ballons de rugby et les cœurs qui se retrouvent sur presque tous ses dessins. Comme il est atteint d’une forte myopie, il dessine le visage très près de la feuille. Il utilise aussi des cartons, du papier kraft qu’il décore bientôt à l’aide de feutres pour ne pas perdre de temps à tailler les mines des crayons.
Découvert par Claude Massé en 1974 - qui lui consacra un article dans le Fascicule de l’art brut n°11 -, Pépé Vignes accumule les dessins qui s’entassent dans des placards, sous les lits, sur les armoires. De 1971 à 1980, il a réalisé aussi 3000 « bons points » destinés à ceux qu’il aime. L’univers très personnel qu’il crée est empli d’étrangeté et de poésie, à l’instar des peintres primitifs.
Préface : Matali Crasset
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Hétérotopies : architectures habitées, du 9 décembre 2017 au 20 janvier 2018.