Sebastián Ferreira
Ramiro Sebastián Ferreira Martinez de la Pera, dit « Seba », né à Asunción (Paraguay) en 1981, reçoit à l’âge de 15 ans le diagnostic de sa schizophrénie paranoïde. Son rêve précoce d’une carrière d’architecte devient dès lors irréalisable. La production graphique, qui l’occupait déjà enfant, devient alors l’un des seuls ponts entre son imagination féconde et un monde dont il fait l’expérience depuis l’intérieur de sa chambre, isolé. Plus de 400 œuvres sont ainsi nées, soigneusement ordonnancées, invisibles par d’autres que lui tant qu’elles ne sont pas terminées. La galerie lui consacre sa première exposition monographique.
Le goût de Sebastián Ferreira pour les structures urbaines prend, suite à son diagnostic, la seule direction du papier blanc, qu’il couvre d’une synthèse de villes – Buenos Aires, Grenade et Cordoue entre autres, villes qu’il n’a jamais visitées. En effet, Internet est son autre pont privilégié avec le monde extérieur : il y trouve les nombreuses photographies qui alimentent sa création, tout comme les pages de magazine et les images de cartes postales. De cette collection digitale sont tirés les bâtiments réels que Ferreira inclut parfois à ses villes imaginées en les mêlant aux nombreux éléments urbains que sont routes, feux de circulation et autobus. Ces formes polarisent une fascination dense, insatiable et généreuse pour l’espace urbain – des traits de caractère dont le remplissage si prononcé de la feuille qui définit l’esthétique du jeune Seba pourrait être l’écho.
Préface : Matali Crasset
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Hétérotopies : architectures habitées, du 9 décembre 2017 au 20 janvier 2018.