Les mots pour le dire #1
commissaire : laurianne melierre
Les mots et les œuvres d’art forment comme la chaîne et la trame de nos émotions les plus éthérées. Mais ce tissage se trouve trop fréquemment contrarié par l’excès de l’un ou de l’autre. Voire par la propension un peu gauche que l’un veuille décrire l’autre jusqu’à épuisement. Des Très riches heures du Duc de Berry aux Fleurs du Mal, le règne de l’illustration littérale ne laissait ainsi que peu de place à un imaginaire plus débridé.
Il faudra attendre les surréalistes pour que, soudain, trame et chaîne forment des motifs plus complexes. Dès lors, l’écrivain et le plasticien, quel que soit celui qui répondait à la proposition de l’autre, s’évertuaient à regarder par-delà les apparences pour révéler, plutôt que décrire, la
proposition de l’autre. Le texte comme subtil exhausteur de l’oeuvre, et inversement.
Dans les mots pour le dire, c’est à cet exercice d’amarrages que nous nous sommes livrés. Le choix des oeuvres d’art brut aussi bien que les textes qui scintillent dans leur sillage faisant fi des styles ou des époques pour faire naître des affinités inattendues. Offrant au regardeur une
exposition capable de vérifier cette assertion d’Albert Camus qui voulait que l’écriture soit « le moyen de transmettre l’âme d’une oeuvre d’art ».
Pour cette première exposition de la série les mots pour le dire, nous avons confié le commissariat à Laurianne Melierre, Fondatrice de PLUME, agence de rédaction et de stratégie éditoriale faite par des journalistes :
Pour rester pure, une œuvre d’art devrait elle se passer de texte pour l’accompagner ? En créant, l’artiste avait-il ou elle consenti à ce qu’une plume inconnue sous-titre sa démarche ? In fine, l’exercice de description serait-il une interférence parasite qui encombrerait la
production artistique ?
À cela, les mots pour le dire #1 propose une nouvelle approche. Les œuvres d’art brut se tiennent là, sûres d’elles, iconoclastes, prêtes à faire face aux regards, presque seules. Oui, “presque”. Car autour d’elles se déploie une étonnante curation d’expériences textuelles et d’écrits.
Produits spécialement pour l’occasion ou sourcés dans des livres et revues, ces textes éclectiques — parfois rédigés par celui ou celle qui visite cette exposition — se frottent aux œuvres plastiques. Naît alors quelque chose de nouveau. Il n’est plus question de raconter les œuvres, mais de leur faire écho ou de les confronter. De nous faire douter ou de piquer notre curiosité. Et même, parfois, de nous frustrer. Expliquer ou décrire, jamais. De ce surprenant dialogue naissent une langue inédite et des émotions inattendues. Ne reste plus qu’à trouver les mots pour les dire.
visite de l’exposition par la commissaire, pour voir la vidéo : cliquez ici
catalogue publié à l’occasion de l’exposition
les mots pour le dire #1
commissaire : laurianne melierre
du 11 avril au 11 mai 2024
textes : christian berst & laurianne melierre
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