Leopold Strobl
Leopold fréquente l’atelier Gugging (Autriche) depuis une dizaine d’années où il trouve dans la création un réconfort et une rédemption, une manière de tenir à distance ses démons mentaux. Ses dessins au crayon de couleur, de petit format, sont autant de portails magnétiques réalisés sur des photographies de paysages tirées de journaux. Le graphite contamine le décor comme pour en révéler l’étrangeté. Présent dans les collections du MoMa (New York) depuis 2018, son travail a été présenté l’année suivante dans l’exposition Photo Brut aux Rencontres de la Photographie d’Arles.
Leopold Strobl a toujours été un artiste, et cela depuis ses premiers jours d’école. Pendant plus de trente-cinq années, il s’est exclusivement consacré à la création, à l’art. Il a travaillé pendant 12 ans dans les ateliers ouverts du centre Gugging près de Vienne.
Aujourd’hui, Leopold Strobl est marié et vit en Basse Autriche. « Je devais le faire le jour et la nuit…. peindre le vert du ciel », affirme Leopold Strobl lorsqu’on lui demande ce qu’il ressent lorsqu’ il travaille sur ses œuvres.
Son processus de création est immuable : il choisit un motif dans un journal - photo ou image - qu’il recouvre au crayon de couleur, en se consacrant dans un premier temps aux zones de couleur noire. Arrive ensuite le ciel, toujours vert. Pour finir, Leopold Strobl vient marquer la frontière entre le noir et le ciel. Une fois son image retravaillée, il vient délicatement le coller sur un morceau de papier à dessin puis il signe l’œuvre au crayon de papier de son symbole personnel. La signature est formée de son nom et d’un cœur qui renferme une croix avec des rayons. Ce signe est important à ses yeux car c’est un homme très pieux. Ses œuvres ne comportent pas de titre – une œuvre signifie et parle d’elle-même.
Pour lui, l’art est aussi synonyme de communication. À travers lui, il parvient à exprimer ce qui est important : la tranquillité, l’intensité et la paix. Leopold Strobl est très reconnaissant du don qu’il a reçu, de son talent ; il est heureux d’être capable de répondre à ses pulsions artistiques et des discussions qui en découlent.
Il y a quelque chose de captivant à regarder les œuvres de Leopold Strobl. On peut se perdre soi-même, pour finalement mieux se retrouver. Ses œuvres reflètent la liberté de l’artiste qui, à travers des lignes et des formes épurées, donne au spectateur une part d’orientation qu’il est très difficile de décrire avec précision. « Parfois, je me sens un peu bizarre, comme si quelque part je ne faisais pas partie de ce monde », dit Leopold Strobl.
En 2018, cet artiste a connu sa consécration en intégrant le fonds du MoMA.

Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Gugging : the crazed in the hot zone, du 2 septembre au 22 octobre 2017.