Aloïse
Aloïse Corbaz naît en Suisse, à Lausanne en 1886. En 1911, elle s’installe en Allemagne où elle travaille comme institutrice, puis comme gouvernante du chapelain de Guillaume II à Potsdam. Demeurée célibataire, elle conçut alors une passion délirante pour l’empereur, entraperçu un instant. C’est à la veille de la guerre qu’elle manifesta les premiers symptômes de schizophrénie. Elle fut internée cinq ans plus tard, en 1918, d’abord à l’hôpital de Cery, puis en 1920 à l’asile de la Rosière à Gimel où elle resta jusqu’à sa mort.
Toute l’œuvre d’Aloïse est une idéalisation romantique du couple. Réalisée aux crayons de couleur sur de grands papiers de récupération cousus ensemble et souvent utilisés sur les deux face. Il fallut attendre 1936 pour que l’on commençât à considérer la production exceptionnelle de cette malade, à laquelle s’intéressa ensuite Jacqueline Porret-Forel. Aloïse ne cessa de créer jusqu’à sa mort, le 5 avril 1964. On reconnaît facilement ses personnages à leur regard vide, en général dessiné en bleu, comme un masque de théâtre, ou au maquillage sensuel de leurs lèvres épaisses surmontant d’abondantes poitrines figurées comme des bouquets de roses. Après 1949 ses œuvres, d’une composition plus complexe, devinrent des suites de scènes théâtrales. Les plus grandes d’entre elles peuvent atteindre 14 mètres, parfois recto verso.
Extrait de Art Brut et Compagnie par Laurent Danchin.

Préface : Bruno Decharme
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Art brut, masterpieces et découvertes : carte blanche à Bruno Decharme, du 21 octobre au 29 novembre 2014.