Fernand Desmoulin
À l’aube du XXe siècle, ce peintre académique a connu un souffle libérateur durant une parenthèse de deux ans dont résulte une œuvre médiumnique exceptionnelle saluée, dès 1933, par André Breton. Dessins nés de la transe et exécutés au crayon à papier, son oeuvre ectoplasmique laisse deviner des trames arachnéennes, des visages fiévreux, et des oscillations dictées pas son esprit tutélaire. Collectionné depuis plus d’un siècle, Fernand Desmoulins fait notamment partie des collections du musée du LaM (France), d’Antoine de Galbert (France) et a été montré dans la dernière exposition de la maison rouge (Paris) l’envol ou le rêve de voler.
Les dessins médiumniques de Fernand Desmoulin furent réalisés durant une parenthèse fiévreuse qui ne dura que de 1900 à 1902. La vague du spiritisme qui submergeait l’époque offrit à cet artiste complexe, asphyxié par son activité de peintre et de graveur académique, un souffle libérateur, porteur d’une œuvre médiumnique exceptionnelle, magnétique, parfois violente, à laquelle André Breton lui-même aurait voulu rendre hommage par une publication que seule sa mort empêcha. Freud venait de faire paraître L’Interprétation des rêves tandis que le siècle naissant passait de la conversation avec l’au-delà à l’exploration de l’inconscient.
Visage brumeux aux volutes de cheveux, psychisme fiévreux rejetés sur la feuille en fulgurante écriture, lignes sinueuses, trame arachnéenne, oscilloscope mental, l’œuvre de Fernand Desmoulin frappe par son incroyable richesse, par l’intrusion géniale de ce dernier dans ce que Henri Michaux nomme « l’espace du dedans », celui des voix intérieures, témoin virtuel d’une psyché lourde de conflit qui fit de lui le plus novateur des artistes spirites. Une production qui, libérée du carcan normatif de son auteur, rejoint ici l’archipel de l’art brut.
Christian Berst et Christophe Gaillard
Préface : Raphaël Koenig
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition In abstracto, du 8 juin au 15 juillet 2017.