Jacqueline B
Découverte par Jean Dubuffet, qui fut son premier collectionneur et critique, elle s’est vue consacrer un essai, en 2019, par Philippe Dagen, qui considère que « les difficultés et les énigmes de l’œuvre de Jacqueline B. sont parmi les plus excitantes ». À partir des années 50, et durant les deux décennies de sa production, elle fait preuve d’une inventivité remarquable. Passant avec une maestria déconcertante de la gouache aux crayons de couleur, de la figuration à l’abstraction, de la narration à la contemplation. Celle dont le travail fut exposé dès 1967 au Musée des Arts Décoratifs à Paris, et, en 2019, au Kunstforum de Vienne, fait aujourd’hui figure de classique.
Née en 1928 dans un contexte familial compliqué, Jacqueline B. est confiée dès sa naissance aux domestiques de son père, puis envoyée en pension jusqu’à l’âge de cinq ans. Elle revient dans la maison familiale lorsque son père se remarie et est élevée par une belle-mère affectueuse. Maigre, nerveuse, révoltée même, elle connaît de grandes difficultés scolaires, de sorte qu’elle est confiée successivement à deux établissements tenus par des religieuses. Mais, à vingt-trois ans, bien qu’intelligente elle sait à peine lire et écrire, tandis que sa santé est fragile et son comportement demeure agité.
Elle se met néanmoins à dessiner au début des années 50 et manifeste immédiatement une inventivité remarquable. Passant avec aisance de la gouache aux crayons de couleur ou à l’encre appliquée à la plume, elle explore avec une grâce très poétique des thématiques et des univers formels très variés, allant de la figuration à l’abstraction, de la narration à la contemplation.
Jean Dubuffet, qui la découvre au début des années 60, acquiert une 15aine de ses œuvres pour sa collection et lui consacre un article dans le Fascicule de l’art brut #4 publié en 1965, puis l’expose en 1967 dans ce qui sera l’exposition emblématique d’art brut au Musée des Arts décoratifs, à Paris, avant le départ de la collection à Lausanne.
Depuis 50 ans, très peu d’œuvres de Jacqueline B. étaient disponibles et nous sommes heureux de proposer cet ensemble très représentatif (daté des années 50 au début des années 70) de cette « classique de l’art brut ».
Préface : Philippe Dagen
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Jacqueline B. : l’indomptée, du 30 novembre 2019 au 18 janvier 2020.