Carlos Augusto Giraldo
Depuis l’enfance, Carlos Giraldo consigne fiévreusement ses visions syncrétiques qui mêlent l’antiquité égyptienne aux traités anatomiques, les prédictions de Nostradamus aux civilisations précolombiennes, la seconde guerre mondiale aux Simpsons. Quand il n’est pas occupé à inventorier les données précises et détaillées du Titanic. À Bogota, dans l’appartement qu’il occupe avec ses parents, cet autiste Asperger s’attelle à une tâche encyclopédique. Couchant ses traités sur des feuilles de calque ou des papiers fins qu’il assemble parfois en codex, Giraldo ne donne pas forme à une, mais à des myriades de mythologies individuelles, toutes plus fascinantes les unes que les autres.
Carlos Giraldo a toujours présenté de grandes difficultés pour s’intégrer socialement depuis son plus jeune âge. Il a été diagnostiqué autiste Asperger et passe ses journées dans la chambre de l’appartement familial d’un quartier très pauvre de Bogota à dessiner jusqu’à 10h par jour. Obsédé par l’ordre, il archive soigneusement toutes ses productions qu’il numérote le plus souvent et qu’il relie volontiers pour former des livres. Il connaît d’ailleurs le nombre exact de dessins consignés dans chacun d’eux. Un « cahier de comptabilité » lui permet même de tenir à jour son inventaire.
Passionné par l’histoire et les sciences il s’inspire d’iconographies documentaires et les reproduit avec une précision inouïe dans ses dessins. Il s’évertue à illustrer les sujets qui le passionnent et dont il connaît les moindres détails comme les prédictions de Nostradamus, les Incas, l’Antiquité, la deuxième guerre mondiale ou encore le Titanic. Il dessine, principalement au graphite et au marqueur sur des feuilles de papiers fins ou de calque, son support de prédilection. Carlos aime jouer sur la transparence du support, traçant les contours sur le recto, apportant la couleur sur le verso. Comme dans sa série de cartes eschatologiques qui illustrent les fronts de la IIIe guerre mondiale européenne ou celle pour l’eau au Brésil.
Carlos a fréquenté une école d’art pour personnes présentant une altération mentale, son « université » comme il la nommait mais ne souhaite plus y retourner.