Joaquim Vicens Gironella
Né en Catalogne, Gironella (1911-1997) prend tôt le métier de son père artisan liégeur. S’ensuit une histoire d’une vie avec le liège que n’arrêtera pas l’exil vers la France forcé par Franco. Ainsi, dès 1948, Jean Dubuffet et André Breton lui consacrent une exposition. Puis, en 1967, Gironella fait partie des artistes de l’exposition L’art brut, accueillie par François Mathey au Musée des Arts Décoratifs. En juin 2021, ses œuvres ont été présentées dans l’exposition Brutal Beauty sur Jean Dubuffet, au Barbican center à Londres. Dernièrement, les oeuvres de Gironella ont rejoint l’exposition Francesc Tosquelles. Comme une machine à coudre dans un champ de blé, qui finira sa course au American Folk Art Museum en octobre 2023(après Les Abattoirs ; le Musée Reina Sofía…)
Joaquim Vicens Gironella, l’amoureux du liège, le sculpte, l’épouse, le caresse pour nous livrer des figures étonnantes et détonantes, puisées dans les méandres de son imaginaire et empreintes des réminiscences de son pays natal : la Catalogne.
Né en 1911 à Agullana près de la frontière française, ses parents artisans bouchonniers lui enseignent le métier; passionné, Joaquim fait l’éloge du liège dans la presse locale. Malgré son éducation rudimentaire, il s’enthousiasme pour l’écriture et rédige pièces de théâtre, poèmes et romans sans trouver d’éditeur. Antifasciste et républicain, il s’engage dans la guerre d’Espagne, si bien qu’à la victoire des franquistes il est contraint de s’exiler en France : au cours de sa fuite, il est arrêté et interné un an dans le camp de Baum. A sa libération, il s’installe à Toulouse où il se marie et travaille dans une fabrique de bouchons.
En 1941, Joaquim se met à sculpter l’argile mais cette matière ne lui convient pas, il sculpte alors le véritable objet de sa passion : le liège. Sculpture dans la masse, perspective fantasque, membres des personnages disproportionnés, ces originalités qui démultiplient la force expressive de ces oeuvres ne cessent d’interloquer le regardeur, de le subjuguer. L’administrateur de son entreprise, René Lajus, remarque ses créations singulières et lui en emprunte quelques unes pour son bureau parisien. Jean Dubuffet, alors marchand de vin, y découvre Gironella à l’occasion d’une commande de bouchons : immédiatement séduit, il organise une exposition qui en préfigure bien d’autres. Reconnues internationalement, les sculptures de Gironella figurent actuellement dans plusieurs grandes collections d’art brut et ont fait l’objet de nombreuses publications.
Préface : Stéphane Corréard
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Soit 10 ans : états intérieurs, du 12 septembre au 10 octobre 2015.