do the write thing
read between the lines
Quand j’étais enfant je passais des heures à copier des lettres et des mots piochés dans les livres et les magazines – motivé par l’envie personnelle d’apprendre à lire avant même d’avoir mis les pieds dans une salle de classe. La prise de conscience que ces lignes avaient un sens fût une révélation, et je pensais que copier leurs formes finirait par me révéler les codes secrets auxquels seuls les adultes et les enfants plus âgés avaient accès.
Le langage, l’un des modes les plus élémentaires de la communication humaine est, bien sûr, imprécis, mais il demeure le moyen le plus commun d’entrer en relation avec autrui. Bien que ce luxe ne soit pas accordé à tout le monde, il nous concerne tous, le désir de communiquer ne pouvant être supplanté que par le désir de survivre. Do the Write Thing: Read Between the Lines est une invitation à déchiffrer le sens caché d’œuvres où les auteurs se servent de la langue sous diverses formes visuelles pour exprimer toutes sortes de pensées, d’émotions, de secrets, de frustrations, ou même la connaissance d’un autre monde.
Les artistes de cette exposition emploient l’écriture à des fins variées et utilisent un large éventail de techniques. En effet, leur unique lien réside dans la représentation des symboles et des lignes issus de la langue. Pour le reste, certains travaux, comme ceux de Yuchi Saito et Beverly Baker, sont créés par la superposition obsessionnelle de texte, un processus qui rend la majorité des lettres et des mots indéchiffrables. D’autres, comme Howard Finster ou Royal Robertson, utilisent la langue dans sa fonction première, mais les messages expriment des visions apparues dans des états de transe ou sous la direction d’une puissance supérieure. Patricia Salen et Jill Gallieni produisent, elles, des écrits automatiques, agissant en tant qu’intermédiaires entre les mondes. Les lettres de Harald Stoffers à sa mère, elles, tissent le langage sur des portées musicales qui ondulent comme des vagues au fil de la page.
Toutes ces œuvres nous invitent à prendre conscience du fait que chaque message, filtré par le prisme de la langue, est forcément détourné de son essence originelle. La lutte pour communiquer efficacement transcende les frontières géographiques et temporelles, ce qui affecte tous les êtres humains à travers le monde et dans le temps, nous unissant et nous divisant à jamais dans ce processus.
Préfaces : Phillip M. Jones & Lilly Lampe
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Do the Write Thing : Read Between the Lines à christian berst art brut, New York, du 30 octobre au 21 décembre 2014.